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                      LE MÉDA1LLIER D'ADAMOLI                                                      465
200,000 fr., à la condition de distribuer chaque année un prix
en son nom. Espérons que, se souvenant de l'ingratitude de leurs
devanciers, les académiciens actuels rempliront religieusement les
intentions de ce généreux donateur. L'un d'eux ne rappellera-t-il
pas aussi, en quelques chaudes paroles, la vie si bien remplie et
si tôt brisée de M. Louis Lombard de Buffières ! ?
   Un érudit a dit un jour, avec raison, en parlant des livres :
« Habent sua fata libelli. » Ce mot peut être appliqué aussi au mé-
daillier d'Adamoli, car, ainsi qu'on vient de le voir, peu de collec-
tions ont eu autant de vicissitudes. Toutefois, espérons qu'elles
ne retiendront pas dans leur élan plus d'un heureux collectionneur
de nos jours, disposés à laisser à la ville les trésors de leurs ca-
binets. Nos grands dépôts sont encore bien pauvres, bien mal
dotés, et je dirai en leur nom, aux opulents possesseurs de tant
de belles choses : Date bbolem pauperis ; la charité est une
vertu, et qui n'aime la pratiquer ?

   i Dès les premiers jours de nos désastres, il ne se cacha pas comme- tant d'autres
dans des fonctions publiques, mais prit un fusil et marcha contre l'ennemi, avec deux
de ses frères que leur âge, cependant, avait dispensés du service militaire. Quoique
d'une faible constitution, il supporta, avec une rare énergie, toutes les misères de la
guerre, à l'armée de la Loire. Il ne revint à Lyon que lorsqu'une cruelle maladie eût
brisé ses forces II rentra mourant, du Mans, dans un wagon de bestiaux, n'ayant
d'autre lit que le fumier dont la voiture était remplie, et eut à supporter ce mar-
tyre, pendant trente-six heures, par un froid de vingt-deux degrés, privé de soins
et de tout secours. Dès sa guérison, il voulut encore servir son pays, et fut successi-
vement sous-préfet à Belley et à Saint-Omer, conseiller de préfecture à Lyon. Au
moment de l'exécution des décrets, il quitta volontairement l'administration et rentra
dans la vie privée que lui rendait si douce son opulente fortune, ses riches collections
et le commerce de ses nombreux amis. Ajoutons qu'il était fds de M. le baron
Lombard de Buffières, ancien député de l'Isère et petit-fils de M. le comte de Ram-
bùteau, ancien préfet de la Seine.


                                                                 L.      NlBPCK,
                                                   C o n s e i l l e r à la Cour d ' A p p e l ,




       DÉCEMBRE 1831. — T. I I .                                                        30