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NOUVEAUX SOUVENIRS DE PONDICHÉRY 437 titre de Bwidja, qui signifie deux fois né, régénéré. On croyait à une tache originelle apportée par l'homme en naissant, et on pré- tendait l'effacer par la cérémonie de l'Upanayana ou investiture du cordon, qui produisait ainsi des effets semblables à ceux du baptême chrétien. Une situation inférieure était le partage des enfants morts avant l'investiture. Manou assimile leurs âmes à celles des hommes qui ont abandonné sans sujet des femmes de leur classe. Le cordon était le signe matériel de la régénération. L'initié qui le recevait était immédiatement déclaré deux fois né, et devenait apte à recevoir les enseignements des directeurs spiri- tuels. La communication de la Savilrê, la plus sainte de toutes les prières, était aussi une partie essentielle de la cérémonie. Les Soudras ne la célébraient jamais, ils devaient garder le stigmate de leur naissance. « Les trois premières classes sont régénérées, dit Manou, la qua- trième n'a qu'une naissance. Le Soudra ne doit jamais recevoir le sacrement de l'investiture. » Ce sacrement est conféré encore aujourd'hui à tous les Brahmes, ordinairement à l'âge de huit ans, mais ce dernier vestige des anciens privilèges est sur le point de leur échapper. Les Soudras ont imaginé, à l'instar de l'investiture, une série d'initiations et de purifications, après lesquelles ils se prétendent, eux aussi, parfai- tement régénérés. Les Brahmes sont aujourd'hui, comme jadis, très soucieux d'éviter les souillures et très occupés à se laver de celles qu'ils ont pu contracter. Ils répètent plusieurs fois le jour de grandes prières, et les accompagnent de gestes bizarres. Ils font à leurs idoles des offrandes d'eau, de fruits, de fleurs, de sandalet de safran. Certains d'entre eux pratiquent auprès des crédules une espèce de médecine basée sur la superstition plus que sur l'expé- rience. Certains autres qu'on appelle Pourohitas consultent les auspices et déterminent les jours fastes. Ce sont aussi des Brahmes qui reçoivent devant les différentes juridictions les serments des Indiens, autres que les parias. Ils s'acquittent de ce dernier office en tirant d'un gobelet de cuivre une salade faite avec de l'eau qui a servi à laveries idoles et d'une espèce d'herbe appelée Toulassi qu'on dit être particulièrement agréable aux dieux. Le témoin en prend quelques feuilles dans la main, et les avale en jurant de dire