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430 LA R E V U E LYONNAISE
de disposer tous les esprits à luy donner des marques des mêmes
sentiments dont je suis pénétré pour Elle. Je n'ay pas cru devoir
luy faire part de mes idées, avant d'avoir fait des démarches qui
tendoient à en assurer le succès ; mais je suis certain aujourd'huy
qu'elle peut agir efficacement et sans aucune crainte de se com-
promettre.
Le plus sûr moyen de soutenir l'Académie établie dans cette
ville est d'y consacrer un lieu convenable et capable de contenir
un certain nombre de pensionnaires. C'est ce qui n'a jamais eu
lieu icy, l'Ecuyer qui aurait eu la réputation la plus étendue
n'en pouvant loger tout au plus que dix ou douze dans une espèce
d'antre caducet détestable. Si, d'une part, la situation fâcheuse des
finances de la communauté des citoyens éloignoit toutes les espé-
rances de rendre cet établissement plus florissant, de l'autre, la
circonstance de l'anéantissement des Jésuites nous a offert une
voye de réparer ce qu'une assés mauvaise administration a pu
nous faire perdre. Cette société avait eu l'art d'engager plusieurs
citoyens, sous le prétexte pieux et spécieux de faire des retraites,
à bâtir une maison considérable et précisément distribuée dans
l'intérieur pour y recevoir environ cinquante ou soixante per-
sonnes ; elle a été construite des deniers de ces mêmes citoyens ;
et, ne faisant en aucune manière partie des biens de la société,
elle ne peut être adjugée aux créanciers et doit nécessairement
revenir à la ville. Elle est de plus située près de l'Académie ; il y
a un jardin immense dans lequel on bâtiroit des écuries et un
manège des deniers qui proviendroient de la vente du sol et des
constructions de l'établissement actuel; et par ce moyen Votre
Altesse le soutiendroit sans qu'il pût en coûter la moindre chose
au Consulat. J'avois anciennement communiqué ce projet au pre-
mier président de la Cour des Monnoyes l qui l'inséra pour lors
dans les comptes qu'il eut à rendre au Parlement comme lieute -
nant-général dans la Sénéchaussée ; depuis M. l'Archevêque 2 avoit
permette de le rappeler, avec la comtesse de Brionne, la dame de Brienne, fille d'Un
riche financier, qui vivait au même temps.
i Messire Barthélémy-Léonard Pupil de Mions, demeurant à Lyon, place de Louis
le-Grand.
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C'était alors Antoine de Mal vin de Montazet, né en 1712, précédemment évêtjue
d'Autun.^