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416                  LA R E V U E LYONNAISE
je veux compléter la confidence. Il est probable que d'ici à quelques
mois, le futur maréchal de France aura un héritier. — Ou une
héritière, répondit sa femme toujours rougissant.— Quoi qu'il arrive,
nous avons un parrain à notre disposition. N'est-ce pas, Valette? et
quelque chose me dit que cela va porter bonheur à notre enfant...
Vas-tu nous refuser par hasard ? — Allons, monsieur Valette, ajouta
Caroline; puisque mon mari vous le demande à l'avance... — Et
vous aussi ? — Et moi aussi; mais silence, je vous en prie, d'ici à
quelque temps. — Ma foi, j'accepte, de grand cœur. Mais quel
pauvre parrain vous vous réservez !.,. — Enfin, c'est une affaire
entendue, » reprit Saint-Gérand.

   Un autre soir, nous faisions des projets pour le jour où l'âge de
la retraite serait venu : « Ce sera tout de même ennuyeux de vieillir,
fît Saint-Gérand.—-IL y a des compensations, répondis-je ; tes
enfants grandiront, tu leur attacheras un jour l'épaulette de ta
propre main. Quelle joie, quel orgueil pour la mère ! Et quand elle
les verra portés sur les bulletins de notre armée d'Afrique!... -^
Que ce sera gentil, fit-elle avec son charmant sourire. Monsieur
Valette, n'est-ce pas que le parrain du premier s'intéressera aux
autres? — En pouvez-vous douter, Madame? Et plus il y en
aura... — Allons, Valette, pas de bêtise, je t'en prie... » s'écria
Saint-Gérand.

  Est-ce une grande expiation qui se prépare?... Depuis plusieurs
mois, je ressens des douleurs assez fortes à mon œil blessé le jour
de la fatale rencontre : « Cène sera rien, dit le docteur. Un régime
sévère, pas de sortie le soir à la rosée, un voile vert dans les mo-
ment de soleil ; peut-être, si cela continue, une petite saison à Ba-
règes... Voilà tout. J'en ai bien vu d'autres... » Je voudrais m'en
rapporter pleinement au docteur, mais voilà que l'œil gauche me
semble attaqué à son tour... Parfois des tirées lancinantes de ce
côté, comme de l'autre, et j'ai souvent entendu dire qu'il y avait
une corrélation entre les deux yeux... Si j'allais devenir aveugle!
Mais non, ce n'est pas possible; la punition serait trop forte... Pour-
quoi Saint-Gérand ne m'a-t-il pas tué? Aveugle! oh ! mon Dieu!...