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258                 . LA REVUE LYONNAISE
 écrit qu'elle voulait absolument avoir un entretien avec moi sur
un sujet très grave et qu'elle préférait ne pas même effleurer dans
 une lettre. Je me suis empressée de me rendre à son désir, et ma
stupéfaction a été grande quand je l'ai entendue me demander s'il
était vrai que vous eussiez témoigné beaucoup d'affection à une
jeune fille nommée Clémence Dubois, qui vivait aux environs de
Melunchez uneM me Cherrault ; qui depuis, grâce à une dot payée
par vous, a-vait épousé un M. Buisseret ; et chez laquelle enfin vous-
vous trouviez actuellement? Je lui ai répondu que tout cela était
parfaitement exact et n'avait rien qui pût la surprendre ; mais avant
d'aller plus loin, je voulus savoir qui l'avait si bien renseignée.
Alors elle me raconta que M"?e Lejarrois était venue la voir et
lui avait dit, après de nombreuses réticences, que les démarches
que vous aviez faites pour l'épouser, elle, Séverine, ne lui étaient
 pas inconnues, qu'elle avait cru devoir ne se mêler de rien,
puisqu'on n'avait pas jugé à propos de la mettre au courant, mais
 que maintenant, tout lui paraissant rompu, elle voulait l'en félici-
 ter. En effet, ajouta Mme Lejarrois, M. d'Àrtannes allait dans le
 plus grand secret voir une jeune fille à Melun. Au moment où il
 espéra sérieusement vous épouser, il s'en débarrassa en la dotant
 et en la mariant. Aujourd'hui que votre père l'a définitivement
 congédié, pour cela sans doute, il est retourné auprès d'elle. Sé-
 verine, continua Mme Evrard, qui n'a jamais beaucoup aimé Mme Le-
 jarrois, etqui m'a souvent vue vous plaisanter sur les tendres s e n -
 timents que cette veuve, facilement consolable, nourrissait pour
 vous; Séverine, dis-je, reçut sans broncher cette singulière confi-
 dence, et, se doutant qu'il y avait là quelque malentendu ou quel-
 que perfide insinuation, elle m'écrivit de revenir.

  — Et que lui avez-vous dit? demanda Maurice qui avait écouté
avec étonnement et indignation le récit des menées de Mmc! Lejar-
rois.
  — Tout simplement que Clémence était votre sœur et que vous
vous étiez dépouillé pour elle.
   — Et alors?
  •— Alors Séverine s'est mise à pleurer de joie, elle m'a reproché
de ne point lui avoir appris ce qui est tout à votre honneur, et elle