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256 LA REVUE LYONNAISE se disait-il parfois, le bonheur que j'avais osé me promettre m'est définitivement refusé ; mais je trouverai du moins quelque charme à contempler celui que me doivent ceux que j'aime. » Il yavait environ un mois qu'il était à Melun.et il n'avait enten- du parler de rien de ce qui lui tenait au cœur, quand, un beau jour, il reçut une lettre de Glotilde. La jeune femme lui mandait qu'elle venait d'arriver à Paris, et le priait de la rejoindre au plus tôt, Surpris, il n'hésita pas néanmoins à obéir, et, à peine débarqué du chemin de fer, courut chez Mme Evrard. La première chose qui le frappa devant la porte de son amie, ce fut la voiture de Mlle Lefort. Partagé entre le désir de revoir Séve- rine et l'appréhension d'une rencontre toujours embarassante après ce qui s'était passé, il se demandait s'il devait entrer, quand Séverine elle-même sortit, l'aperçut et, après un geste de surprise, vint délibérément a lui. « Monsieur, lui dit-elle, de sa belle voix vibrante et en lui pre- nant la main, TOUS avez été l'objet d'une vile calomnie ainsi qu'une personne qui vous est chère. Je dois me rendre cette justice que je n'y ai pas ajouté foi une seconde, mais c'a été pour moi l'occasion d'apprendre une noble action de vous, action que votre modestie tenait cachée, et qui vous mettrait encore plus haut dans mon estime, si depuis longtemps vous n'y teniez la première place. Une réparation vous est due, monsieur ; elle ne se fera pas atten- dre, je l'espère. Ce n'est donc pas « adieu» que je vous dis, mais « au revoir. » Et, lui serrant encore une fois la main, elle monta dans le coupé avec la personne qui l'accompagnait. La voiture était déjà loin que Maurice n'avait point encore bou- gé, cherchant vainement à comprendre ce que cela signifiait. Il se décida enfin à monter, et Glotilde poussa un cri de joie en le voyant. « Impossible d'être plus exact, lui dit-elle : mais vous ne regret- terez pas votre empressement ; j'ai beaucoup de choses à vous apprendre... — Permettez-moi d'aborrd de vous demander une petite expli - cation si toutefois vous pouvez me la donner, interrompit Maurice. »