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180 LA R E V U E LYONNAISE mais il ne lui en reste rien. Il a d'abord achevé de payer les dettes de son père, ensuite il a doté et marié sa sœur...,. — Sa sœur? interrompit le banquier, mais j'ignorais que... — Une fille naturelle du général, dont ce dernier lui apprenait l'existence et qu'il lui recommandait dans la lettre que voici. Après je vous conterai en détail ce que Maurice, dans sa modestie, m'avait toujours laissé ignorer, et vous me direz si ce n'est point un brave et digne garçon. » Cependant le banquier avait pris la lettre que Clotilde lui ten- dait. A peine y eut-il jeté les yeux qn'il pâlit affreusement et poussa un grand cri. « Qu'avez-vous? dit Clotilde effrayée. » Sans répondre, M. Lefort courut à son bureau, fit jaillir un tiroir secret, et y prit un papier jauni par le temps. « Mais enSn, me direz-vous ce que cela signifie? répétait jeune femme, au comble de la stupeur. » ' M, Lefort n'avait seulement pas l'air de l'entendre. Penché sur les deux lettres placées l'une à côlé de l'autre, il les regardait avec une attention fiévreuse. « C'est bien cela, c'est bien la même écriture... et la même si- gnature, répélait-il d'une voix saccadée. — Au nom du ciel, dit Mme Evrard, qu'y à -t-il ? — Il y a, dit le banquier, d'une voix tremblante d'émotion et de colère, mais qu'il s'efforçait de rendre calme, il y a que M. Maurice d'Artannes n'épousera jamais ma fille. — Pourquoi cela, dit enfin Clotilde, quand l'étonnement lui eut permis de reprendre la parole. Gomment cette lettre que je vous apporte peut-elle modifier vos intentions? qu'a -t- elle de com- mun avec celle que vous venez de tirer de votre bureau? En quoi cette dernière regarde-t-elïe Maurice? ;) M. Lefort ne répondit pas et fit un geste d'impatience. « Je crois vous comprendre, reprit Mm° Evrard avec une dbu-*- ceur qui n'était pas exempte de fermeté; pour une cause que j'ignore, et que la comparaison de ces lettres vient seule de vous faire connaître, vous repoussez le comte d'Artannes, vous.