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178                   LA REVUE      LYONNAISE
    « A chaque visite, je constatais que ma petite sœur croissait en
grâce et en beauté, et son avenir ne laissait pas de me causer quel-
ques préoccupations, quand M 6 Cherrault me prévint en me par-
                                 â„¢
lant de la sorte :
    « — Clémence aura bientôt dix-huit ans, et il serait temps de son-
ger à l'établir; si, comme je le suppose, vous voulez bien m'accor-
der voix au chapitre, je vous dirai qu'un jeune homme en est épris
et est venu me la demander. Je lui ai répondu que Clémence ne
dépendait pas de moi, et que tout ce que je pouvais faire, c'était
de vous transmettre ses propositions.
    « —- Quel est ce jeune homme? lui demandai-je.
    « — C'est, me répondit-elle, le fils de petits propriétaires du pays,
gens fort honorables du reste. Il travaille chez un notaire de la
ville ; je crois que de son côté, Clémence lui serait assez favo-
rable.
    « — Alors, lui dis-je, la chose doit aller toute seule?
    « — Pas tout à fait. Les parents du jeune homme n'ignorent pas,
j'ai dû le leur dire, que noire chère enfant est sans famille, et a sur
 son acte de naissance : née de père et mère inconnus. Ils se font, à
 cause de cela, un peu prier pour donner leur consentement. Une
petite dot aplanirait toutes les difficultés. Tout ce que j'ai revien-
 dra à Clémence, mais je ne puis rien lui donner aujourd'hui. Voilà,
 Monsieur, quelle est la situation; en votre qualité de tuteur, à vous
 d'aviser.
    « — Vous pensez bien, ma chère Clotiide, que l'éventualité qui
 se produisait, n'avait pas été sans se présenter plusieurs fois à mon
 esprit, et je l'avais mûrement examinée. Après cet entretien, je me
 rendis à l'étude où travaillait le jeune homme dont m'avait parlé
 Mma Cherrault, Félix Buisseret. Il me plut au premier abord, par
 l'agrément et la franchise de sa physionomie. Je lui dis que j'étais
 le tuteur de Clémence, que ses projets n'étaient point un mystère
 pour moi, et que je venais tout simplement pour faire sa connais-
  sance. Nous nous mîmes à nous entretenir, il me parut instruit,
  dévoué et plein de vénération pour « Mademoiselle Clémence ».
  Son patron, que je vis après, me confirma dans cette bonne impres-
  sion; aussi mon parti fut-il bien vite pris. Ma situation s'amélio-
  rait tous les jours. Mes quarante mille francs ne m'étaient point in-