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LE PARNASSE FRANÇAIS MATHURIN RÉGNIER — 1573-1013 — Tout nourri des Latins, il demeurait Gaulois : Il était libre et fier en sa désinvolture, Lâchait toujours la bride à sa vive nature Et ridiculisait Malherbe avec ses lois. Le rire sur la lèvre et le regard narquois, Il faisait hardiment la guerre à l'imposture : Il mit plus d'une fois le sot à la torture Sous les traits acérés sortis de son carquois. Mais, enclin aux plaisirs, il bravait la morale ; Et se moquait si bien de sa voix doctorale, Que la mort abrégea ses jours licencieux. Lorsque l'on déposait en sa sombre demeure Ce poète exilé de la vie avant l'heure, On enterrait aussi l'esprit de nos aïeux... JEAN DE LA FONTAINE — 1621-1695 — C'est aux nymphes de Veaux que, pour son bien Dont la puissance, un jour, s'enfuit à tire d'aile, Il prête les sanglots d'un cœur toujours fidèle, Dans l'espoir de fléchir un fier dominateur. Tendre dans l'élégie, il est joyeux conteur; L'apologue est surtout sa conquête immortelle : Il éclipse à tel point son plus digne modèle, Que, de l'avis de tous, il est un créateur.