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LA LÉGENDE D'ŒDIPE 121 remarqué souvent que le mythe d'Héraclès offre avec des différen- ces de temps, delieuxet de noms de l'adversaire, toujours le même récit. Après avoir constaté que les origines du mythe d'Œdipe ne sont pas bien connues et qu'on ne peut tirer à son sujet « qu'une lumière indirecte et partielle » de l'Inde védique, M. Michel Bréal se croit autorisé à expliquer Laïos par les légendes védiques. S'appuyant sur les exemples que l'on a dans d'autres mots du changement du 8 en A, il estime que Aâvoç n'est autre que Sâvoç, for- me dorienne deS^'oç, lequel vient lui-même du mot qui en sanscrit signifie ennemi. Disons, en passant, que cette explication, combat- tue par le professeur Gomparetti, est adoptée par M. Max Muller. Quoiqu'il en soit, le dieu solaire védique, dans les légendes aux- quelles il vient d'être fait allusion, délivre les nuées qui sont figu- rées par des jeunes filles. « On comprend dès lors, ajoute M. Michel Bréal, ce que signi- fiait le langage populaire quand il parlait des femmes de Laïos qu'Œdipe a épousées. Nous savons en effet,, par le témoignage de Phérécyde, qu'Œdipe, outre Jocaste, a épousé plusieurs autres femmes. Quand le héros, solaire fut devenu un personnage humain, on chercha à accorder ces circonstances avec les mœurs et les usa- ges de la Grèce et l'on ne nomme plus qu'une seule des femmes d'Œdipe. Mais c'est sans doute un souvenir de ce mariage du soleil avec les nuées qu'il faut voir dans la sécheresse qui désole Thèbes et qui fait périr les fruits de la terre et les petits des animaux ». Enfin quand Œdipe s'aveugle, c'est que le soleil disparaît : Œdipe est aveuglé, disait le peuple. Rapprochons ce qui. vient d'être dit, de ces paroles de M. Max Mùller : « Il se créa certainement certaines expressions, certaines phrases, qui primitivement étaient destinées à décrire le chan- gement du jour et les saisons de l'année. Au bout de quelque temps, ces phrases devinrent traditionnelles, idiomatiques et pro- berbiales. Elles cessèrent d'être entendues-dans le sens littéral, on se méprit sur leur signification et on y vit le récit d'un événement miraculeux ». Quand Œdipe fut devenu un prince thébain ayant délivré sa patrie, le sentiment de la justice exigea que l'homme donnât une cause aux épouvantables infortunes du héros. On lui chereha des