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                      LA LÉGENDE D'ŒDIPE                            119
 mécontenterai de prendre çà et là ce qui me semblera le plus ca-
 pable de faire ressortir que «plus on pénétrera, dit M. Max Millier,
 dans la nature intime des mythes primitifs, plus on se convaincra
 qu'ils se rapportent tous au soleil ».
    M. Michel Bréal adopte cette opinion. « Le spectacle, en effet, dit-
 il à ce propos, qui dut frapper l'esprit de l'homme, quand pour la
 première fois il embrassa du regard la nature, c'est le corps lumi-
 neux qui montait et descendait dans le ciel en vertu d'une force
qui lui semblait propre, qui distribuait à tous les êtres la chaleur
et la vie, et paraissait planer en maître sur le monde, dont il était
l'habitantle plus puissant et le plus beau. Les premiers sujets d'en-
tretien, les premiers thèmes poétiques de l'humanité durent être la
naissance de l'astre, toujours saluée de cris de joie, ses combats
contre l'obscurité, son union avec les nuées, son pouvoir, le plus
souvent salutaire, mais quelquefois accablant et mortel, sa dispa--
ritiou sous l'horizon qui ressemblait à une fin précoce ».
   De son côté, M. Renan dit, dans l'introduction des Évangiles :
 « Les phénomènes atmosphériques,, en particulier ceux qui se
 rapportent à l'orage, au lever et au coucher du soleil, etc., ont été
des sources fécondes de dieux et de demi-dieux ».
   M. Gox n'hésite pas à reconnaître autant de noms solaires dans
les noms des héros de ces nombreuses légendes où nous voyons un
enfant abandonné par ses parents prévenus qu'il les tuerait plus
tard. Toujours l'enfant échappe à la mort par l'intervention d'un
berger ou d'une bête sauvage, toujours il devient homme et possède
la force, l'adresse et le courage, et toujours aussi il accomplit,
à son insu et contre sa volonté, la fatale prédiction. Tels sont
Persée, Œdipe, Cyrus, Romulus et Paris. On sait en effet que le
même mythe peut naître sur des points différents, et que la critique,
après l'avoir débarrassé des modifications plus ou moins importan-
tes de noms et de circonstances accessoires, le ramène à son type
primordial.
   M. Michel Bréal est persuadé qu'Œdipe n'était tout d'abord
qu'une personnification de la lumière comme Zeus, Apollon, Hé-
raclès, Bellérophon. De même que ceux-ci ont triomphé de Typhon,
du serpent de Delphes, de Géryon et de la Gorgone, de même il a
triomphé du Sphinx. M. Gonstans se rallie à ce système et voit