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                                FRA SALIMBENE                                         341

 res contre le baptistère oula cathédrale*. Ce nom même à'Ognibene,
 que lui donnaient sa famille et ses camarades, indique suffisamment
 que c'était un enfant modèle, très docile aux bons conseils de sa
 grand'mère Ermengarde, qui lui recommandait assidûment d'évi -
 ter la mauvaise société et d'être bien sage : « La mère de mon
 père s'appelait Ermengarde. C'était une femme pleine de sagesse,
 et elle avait cent ans quand elle mourut. J'ai habité quinze ans
 avec elle dans la maison de mon frère. Puisse-t-elle recevoir de
 Dieu autant de bénédictions qu'elle me donna de bons conseils,
 m'avertissant d'éviter la mauvaise société et de demeurer sage et
 rangé !»
    Dès l'âge de huit ans Salimbene avait pu voir de près les cruelles
 conséquences de la guerre. Car son grand'oncle, le juge Bernard
 Oliverii di'Adamo, périt en 1229 dans la sanglante défaite que les
 Bolonais infligèrent, sous les murs de San Cesario, à leurs enne-
 mis de Modène8, de Parme et de Crémone. Le carroocio, de Parme
 était resté sur le champ de bataille après la mort de tous ses dé-
fenseurs. Plus tard, en 1237, l'année même qui précéda son entrée
en religion, Salimbene assista à une scène émouvante qui ne dut
assurément pas le détourner de quitter la vie du monde. Ce fut le
jour où arriva à Parme la nouvelle que Bologne avait enlevé à
Modène la place forte de Castel-Leone. Il y avait alors un citoyen de
Modène qui occupait àParme une fonction publique importante, celle
d'avocat de la commune, autrement dit de juge du podestat : aussi-
tôt il monta à chevalet parcourut le faubourg de Sainte-Christine,

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     «... Guidolino da Enzola, homme de taille moyenne, jouissant d'une grande for-
tune et d'une grande considération, et très dévoué à l'Eglise, que j'ai vumiUefois.il
se sépara des autres membres de sa famille qui habitaient le faubourg de Sainte-
Christine et il vint s'établir près de la cathédrale, dédiée à la Vierge glorieuse, ou
chaque jour il entendait la messe et tous les offices diurnes et nocturnes. Quand il
n'était pas à l'office, on le voyait assis avec ses voisins sous le portique public, près
du palais épiscopal, et il parlait (le Dieu ou écoutait volontiers qui en parlait. 11 ne
souffrait pas que les enfants jetassent des pierres contre la cathédrale ou !e baptistère
pour détruire les peintures et les sculptures; lorsqu'il les y surprenait, il se lançait
à leur poursuite et les frappait d'une courroie, comme s'il eut été chargé de la garde
de l'église. »
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    Le carroocio (mot qui correspond au français carrosse) était le char d'honneur
des villes lombardes. On y plantait l'étendard de la cité, entouré de soldats d'élite.
Chaque carroocio avaitunnom. Celui de Crémone, dont Parme s'empara en 1248, s'ap-
pelait Berthe,