page suivante »
CONSERVATION DE L'ÉNERGIE DANS L ' U N I V E R S 297 après le choc ; en la prenant entre nos doigts nous remarquerons qu'elle s'est échauffée au point d'être brûlante, si la hauteur de la chute est suffisante. La conclusion s'impose d'elle-même : énergie de mouvement anéantie , chaleur créée. Nous pourrons même en vertu du principe delà conservation, ajouter que la cha- leur doit être une nouvelle forme de l'énergie, et qu'ici la chaleur engendrée est l'équivalent de l'énergie de mouvement qui a disparu, en supposant, bien entendu, qu'aucun phénomène accessoire ne se soit produit. Nous nous trouvons ainsi conduits au principe de l'équivalence delà chaleur et de l'énergie, ou si on veut, de la chaleur et du tra- vail ; car en dernière analyse la chaleur produite provient dans l'exemple ci-dessus du travail dépensé pour élever la balle au som- met de la tour ; la chute n'a été que le moyen de transformation du travail en chaleur, et la force vive acquise n'était que la forme intermédiaire de cette transformation. Le principe de l'équivalence du travail et de la chaleur n'a été clairement formulé que depuis une trentaine d'années ; il est la base de toute une science, la thermodynamique ou théorie mécanique de la chaleur; par ses conséquences qui s'étendent à presque toutes les branches de nos connaissances scientifiques, il est l'une des con- quêtes les plus importantes delà science moderne. C'est Rumford qui paraît avoir le premier entrevu nettement le fait de la transfor- mation du travail en chaleur, il avait même t'ait diverses expérien- ces à ce sujet (1798); toutefois le principe de l'équivalence semble lui avoir échappé; on rapporte généralement l'honneur de la décou- verte au docteur Mayer de Heilbronn, qui a donné en 1842 une détermination assez exacte du travail que l'on peut produire avec une quantité de chaleur déterminée, et inversement. Je crois accomplir ici un acte de justice et en même temps de patriostisme scientifique en rappelant qu'en 1839, Seguin aîné, d'Annonay, dans son ouvrage intitulé : L'influence des chemins de fer, avait déjà formulé le principe en question et donné de l'équivalent mécanique de la chaleur un nombre qui diffèrepeude celui adopté aujourd'hui. Si j'insiste sur le fait, c'est que les auteurs de presque tous les traités de thermodynanique et autres ouvrages traitant du même sujet semblent s'être entendus pour écarter le nom de Seguin de la