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278 LA R E V U E LYONNAISE à l'affluence des étrangers ; car Lyon n'était pas seulement un cen- tre politique et commercial, au point de vue religieux, Lyon était encore le centre de toute la Gaule où se réunissait chaque année dans les premiers jours d'août, une brillante assemblée de person- nages venus de toutes les cités du sol gaulois. Là on accourait non pour honorer les anciens dieux nationaux ni même les dieux ro- mains — ce qui est toujours resté essentiellement livré à l'initia- tive privée, — mais pour rendre hommage au plus puissant des dieux, à celui devant lequel tous les dieux de l'Olympe avaient dû céder, c'est-à -dire à l'empereur déifié, dans le culte duquel les citoyens du monde entier devaient trouver un point commun d'u- nification, si divers que fussent d'ailleurs leurs idiomes et leurs usages religieux. Nous n'avons pas à examiner ici comment il se fit qu'un culte si choquant pour nos idées ait été, non pas pratiqué en quelque sorte spontanément par des sujets dévoués à l'excès, mais officiellement sanctionné et exigé comme un devoir; ce fut une institution essentiellement politique sous le couvert de la re- ligion, qui n'en était que le masque. Un accroissement du person- nel divin déjà si nombreux n'avait point d'importance : « 11 est aujourd'hui plus facile », disait un spirituel satirique du temps, « de rencontrer un dieu qu'un homme, » et on ne comprenait pas l'obstination des juifs et des chrétiens à refuser au dieu assis sur le trône impérialTadoration qu'ils accordaient à leur Dieu. En Orient, en Occident, s'élevèrent dans toutes les principales villes des autels et des temples où, chaque année, les plus éminents personnages du pays, en qualité de délégués et de prêtres, offraient a l'empereur, associé le plus souvent à la déesse Rome, leurs priè- res et leurs sacrifices. Mais peu de ces autels étaient aussi an- ciens et aucun n'était plus célèbre que l'autel de Rome et d'Auguste à Lyon. Dès l'an 12 avant Jésus-Christ, le 1er août, il avait été consacré par Drusus avec le concours de toutes les cités de la Gaule impériale jusqu'au Rhin. Un prêtre annuel, Gaulois de naissance, avait été institué, et les noms des soixante peuples de la Gaule avaient été gravés sur le monument. A l'écart de la ville profane, sur un terrain séparé, au confluent des deux fleuves, s'élevait le temple avec son enceinte, ou bientôt furent construits un amphi- théâtre et d'autres édifices destinés aux fêtes. L'autel et ses dépen-