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162 LA REVUE LYONNAISE
Claude de Rubys ne s'est pourtant pas seulement mêlé d'histoire :
en sa qualité d'avocat, de docteur en droit de l'université de Tou-
louse, de conseiller au prèsidial de Lyon et au parlement des Dom-
bes, il a voulu aussi aborder la science des jurisconsultes; il ne
s'est pas borné à y toucher dans les arrêts auxquels sa charge
l'obligeait de prendre part ; il a fait une œuvre personnelle, didac-
tique ; en plein pays de droit écrit, il s'est avisé de chasser sur les
terres du droit coutamier; trois ans après avoir publié son Dis-
cours sur la peste \ il faisait imprimer une Sommaire explica-
tion des articles de la coustume du pais et duché de Bourgon-
gne 2, qu'il dédiait successivement à Nicolas de Bauffremont, baron
de Sennecey, et à Bernard des Barres, président à mortier au parle-
ment de Dijon, son ancien condisciple.
A en croire le premier coup d'œil, ce commentaire serait un
travail complet et original. Il embrasserait dans son entier la Cou-
tume bourguignonne, il en donnerait la quintessence, il en éclaire-
rait, et, l'un après l'autre, en analyserait tous les points. Ce n'est
toutefois, malgré son titre, comme la plupart des écrits de Rubys,
qu'une publication de circonstance. Bien loin de comprendre tous
les articles de la Coutume du duché de Bourgogne, il ne s'applique
qu'à trois ou quatre dispositions récemment ajoutées à la vieille loi
de cette province ; encore les commente-t-il moins qu'il ne les
vante; il n'entend pas les expliquer, mais les justifier. Quant au
reste de la Coutume, il ne s'en soucie ; c'est à peine s'il en donne
sèchement le texte à la dernière page ; le lecteur serait fort trompé
s'il cherchait au-dessous de cette lettre nue une note, un renvoi,
un mot d'éclaircissement et de commentaire; l'auteur s'estime
quitte en le prévenant charitablement, dans son épître dédicatoire,
qu'il n'a pas la présomption de refaire ce qui a été si bien fait par
ses devanciers auxquels il ne veut point « se parangoner ». Si vous
voulez un livre de doctrine, semble-t-il lui dire, allez ailleurs, ce
n'est pas mon affaire.
l Discours sur la contagion de peste qui a été osste présente année en la ville
de Lyon, etc. — Lyon, Gryphe, 1577, in-8° de 44 pages. Ge discours est adressé Ã
Nicolas de Bauffremont, baron de Sennecey, et coûta 25 livres d'impression. (Acte
consulaire du 17 septembre 1577).
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Ce livre a eu deux éditions, toutes deux données à Lyon, l'une par Antoine Gry-
phe, in-4°, eu 1580, et l'autre, par Benoist Rigaud, in-12, en 1588.