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science, aussi bien qu'ailleurs, il y a imprudence à heurter les enseigne-
ments du sens commun, et l'énigme n'est pas résolue parce qu'on a né-
gligé un des termes du problème.
      « Notre esprit affamé de logique s'est, en effet, d'abord offensé de
ce contraste et a pensé le faire disparaître en se détournant de l'un des
deux points de vue. Le déterminisme rigide des sciences purement éner-
gétiques a été transporté, sans appropriation ni restriction, dans la science
biologique.
      « Pendant un temps — qui, au surplus, dure encore — le physiolo-
gue a oublié qu'il étudiait un être sensible : il a, en tout cas, refusé toute
influence conditionnante ou causale à la sensibilité, dans le déterminisme
des phénomènes de la vie. Il a établi avec soin le bilan des forces de l'or-
ganisme ; mais il s'est désintéressé de ce qui règle leur emploi ; la phy-
sique ne faisant pas de place à la sensibilité, il ne lui en a point fait dans
sa science.
      « Le temps paraît venu de réagir contre ces exagérations. Dans l'être
vivant, le mouvement dépend de la sensibilité, comme la sensibilité du
mouvement.
      « Dans les deux cas, la nature de la liaison nous est inconnue, mais
la liaison existe : elle fait le fond même de la science biologique, en tant
que celle-ci se distingue de la physique pure ».


                                     a

     Telles sont les conclusions modernes de la physiologie humaine.
Elles éclairent d'un jour particulier la médecine : le médecin ne doit-il
pas désormais penser physiologiquement, et non plus, comme hier, ana-
tomiquement, suivant la profonde conception du professeur Raphaël
Lépine (Revue de Médecine 1893, Semaine Médicale, novembre 1909).
     Il est donc de toute première importance que nos connaissances en
physiologie humaine soient vraies. Il faut que le médecin s'applique à
connaître, au-delà des modalités fonctionnelles, cette liaison entre le
mouvement et la sensibilité, entre la matière et ce qui l'anime.