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— 505 — science, aussi bien qu'ailleurs, il y a imprudence à heurter les enseigne- ments du sens commun, et l'énigme n'est pas résolue parce qu'on a né- gligé un des termes du problème. « Notre esprit affamé de logique s'est, en effet, d'abord offensé de ce contraste et a pensé le faire disparaître en se détournant de l'un des deux points de vue. Le déterminisme rigide des sciences purement éner- gétiques a été transporté, sans appropriation ni restriction, dans la science biologique. « Pendant un temps — qui, au surplus, dure encore — le physiolo- gue a oublié qu'il étudiait un être sensible : il a, en tout cas, refusé toute influence conditionnante ou causale à la sensibilité, dans le déterminisme des phénomènes de la vie. Il a établi avec soin le bilan des forces de l'or- ganisme ; mais il s'est désintéressé de ce qui règle leur emploi ; la phy- sique ne faisant pas de place à la sensibilité, il ne lui en a point fait dans sa science. « Le temps paraît venu de réagir contre ces exagérations. Dans l'être vivant, le mouvement dépend de la sensibilité, comme la sensibilité du mouvement. « Dans les deux cas, la nature de la liaison nous est inconnue, mais la liaison existe : elle fait le fond même de la science biologique, en tant que celle-ci se distingue de la physique pure ». a Telles sont les conclusions modernes de la physiologie humaine. Elles éclairent d'un jour particulier la médecine : le médecin ne doit-il pas désormais penser physiologiquement, et non plus, comme hier, ana- tomiquement, suivant la profonde conception du professeur Raphaël Lépine (Revue de Médecine 1893, Semaine Médicale, novembre 1909). Il est donc de toute première importance que nos connaissances en physiologie humaine soient vraies. Il faut que le médecin s'applique à connaître, au-delà des modalités fonctionnelles, cette liaison entre le mouvement et la sensibilité, entre la matière et ce qui l'anime.