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 des propriétés vitales, leur isolement, comme on est obligé de le faire
dans les livres. Elle ne confond point, en quelque sorte, la nature des
choses avec les moyens de les étudier. L'observation de l'homme souf-
frant ne voit point cet isolement ; le vrai clinicien voit les maladies se
produire, se développer, marcher, se terminer sous l'empire de la vie.
Ce sont des actes de l'organisme qui s'accomplissent comme des fonc-
tions insolites, et qui conservent toujours dans leurs anomalies une régu-
larité qui s'accorde avec la coordination de toutes les fonctions, et qui
se régit par les mêmes lois physiologiques ; de là la nécessité d'admettre
toujours l'intervention des forces vitales dans tous les changements qui
surviennent ou qu'on peut déterminer dans les maladies. Ces derniers
doivent toujours être calculés sur le mode de réaction de l'individu ».
      N'y a-t-il pas là, en quelques mots, toute la doctrine que Montpel-
lier tient d'Hippocrate et qui trouvera de nos jours, en Grasset, un porte-
parole justement célèbre? Si nos investigations physiques et chimiques
sur la vie ne nous donnent que des connaissances physiques et chimiques,
cela est logique, cela est dans leur nature à elles, mais elles ne tranchent
pas la question de la nature de la vie et elles ne suffisent pas à l'expliquer.
Si je me sers d'un mètre pour étudier un tableau, je retiendrai de mon
examen des notions de longueur, mais je n'aurai pas le droit de dire que
je connais le tableau dans ce qu'il a de plus caractéristique, la beauté.
      L'année suivante, Devay commence son cours de clinique interne
par une leçon du Scepticisme en Médecine, Lyon, Savy, 1856. Il y reprend
les mêmes idées.
      « ...S'exerçant sur des phénomènes instables, sur des actes doués de
toute la mobilité qu'y imprime la vie, de toute la flexibilité nécessaire à
la conservation, la science médicale ne repose point sur des principes à
priori, tels que ceux de la science Neutonienne et ne peut avoir ainsi
l'exactitude des sciences astronomiques et physiques. La médecine re-
pose sur ce qu'il faut justement appeler l'ordre vital... De cet ordre vital
découle un ordre pathologique... ».
      Et Devay démontrait qu'un des plus grands mérites d'Hippocrate
fut précisément de tracer le tableau de cet ordre pathologique et de si-
gnaler la tendance de la nature à un rythme habituel.
   Rev, Lyon,, IV, iv                                                     8