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rendre compte les renvoyer ou les changer à. mon gré ; les élèves entrete-
nus par le Roi, au nombre de douze, m'obéissoient aveuglément ; chacun
d'eux étoit chargé d'un certain nombre de malades : cet hôpital ne con-
tenoit que 60 lits, chaque malade avoit le sien, les salles étoient assez spa-
cieuses pour être facilement purifiées par le secours de ventillateurs très
simples : la cuisine étoit absolument à mes ordres ; je vérifiois ou faisois
vérifier toutes les denrées; les tisannes et la plupart des remèdes se pré-
paroient dans l'hôpital sous les yeux d'un inspecteur actif et vigilant,
rarement avions-nous plus de 60 malades... ».
      En lisant pareille description d'un institut modèle pour recherches
thérapeutiques, on croit rêver ; on se demande s'il ne s'agit pas d'un projet
très moderne. Mais non, la date est bien là : MDCCLXXXV.
      Ainsi, Gilibert, imprégné de l'hippocratisme montpelliérain, se mon-
trait soucieux de ne pas contrarier la nature, mais de sauvegarder cette
force qu'il appelle déjà « principe vital ». Avec lui, le siècle finissant ou-
vrait la voie aux discussions philosophiques qui allaient se développer, et
se préciser, durant le XIXe.
                                                     a
     Mais, avant de poursuivre, il convient de signaler brièvement quel-
ques auteurs contemporains de Gilibert.
     Honoré-Joseph Pointe, un chirurgien, s'inspirait des mêmes idées
philosophiques. Dans l'éloge historique qu'il lui a consacré, son fils ra-
conte les curieuses péripéties de cette vie 1 .
     Retenons ici que, si la fin brutale de H.-J. Pointe ne lui a pas permis
de publier des ouvrages où il eût exposé ses opinions sur la nature de la
vie, ses manuscrits témoignent de préoccupations philosophiques.
     Son fils en donne la liste complète et les résume ainsi :
     « ...L'étude des auteurs anciens remplissait une bonne partie de son

      1. Né à Grasse, en 1738, Pointe est reçu interne en chirurgie de l'Hôpital général de Notre Dame de
Pitié du Pont du Rhône et Grand Hôtel Dieu de Lyon. Il est ensuite incorporé à la communauté des maî-
tres chirurgiens. C'est lui qui convainquit les recteurs de la nécessité de nommer au concours le chirurgien-
major, qui, jusqu'alors, était choisi par l'administration. Le premier vainqueur fut Marc-Antoine Petit.
Dans la suite, Pointe fut victime de l'agitation révolutionnaire, incarcéré, rendu à la liberté, et mourut
assassiné en 1789.