page suivante »
— 375 — au milieu de nous braver dans une aimable retraite les ardeurs de la cani- cule ». Après ce préambule pompeux, bien digne de l'élève des maîtres Hoenius et Eusèbe, voici la description très longue de la villa, ainsi que du lac, sur les bords duquel elle est située : Domitius pourra-t-il résister à tant de séductions ? « Veux-tu connaître la position de la campagne où je t'appelle ? Nous sommes à Avitacum, c'est Je nom de ma terre qui me vient de ma femme et qui par cela m'est plus précieuse que celle que mon père m'a laissée. Nous y vivons, les miens et moi, dans une douce concorde, sous la protec- tion divine, à moins que tu n'attribues le bonheur à quelque enchante- ment ». Signalons en passant la délicatesse de sentiment qui rend chère à Sidoine la maison de Papianilla ; admirons aussi la félicité familiale de ce futur évêque, félicité qu'il attribue à Dieu, alors que son correspondant n'est sans doute qu'un incrédule. « Au couchant, poursuit-il, s'élève une montagne de terre escarpée toutefois qui produit, comme d'un double foyer, des collines plus basses, éloignées l'une de l'autre d'environ 4 jugères. Jusqu'à ce qu'on découvre le champ qui sert de vestibule à notre domicile, les flancs des collines suivent en ligne droite une vallée placée au milieu et se terminent au bord de notre villa dont les deux faces regardent, l'une au midi, l'autre au septentrion. Du côté du sud-ouest est un bain appuyé contre le pied d'un rocher couvert de bois ; lorsqu'on abat les arbres qui l'ombragent, ils roulent comme d'eux-mêmes jusqu'à la bouche de la fournaise, où l'on fait chauffer l'eau. Cette pièce est de la même grandeur que celle des par- fums qui l'avoisine, si toutefois l'on excepte le demi-cercle d'une cuve assez grande, dans laquelle l'eau bouillante vient se rendre par des tuyaux de plomb qui traversent les murs. Dans l'appartement des bains le jour est parfait et cette brillante clarté augmente encore la pudeur de ceux qui s'y baignent. Près de là se trouve la pièce où l'on se rafraîchit; elle est vaste et pourrait bien aisément le disputer aux piscines publiques. Le toit qui la couvre se termine en cône dont les quatre côtés sont revêtus de tuiles creuses ; cette salle est carrée, d'une étendue convenable et d'une exacte