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de Rivalz et Deribes . Ce dernier se montra relativement docile et de-
manda seulement l'autorisation de passer en France pour se justifier au-
près du souverain. Il ajoutait dans sa lettre à Dumas : « Au surplus, mon-
sieur, je vous prie d'être persuadé que je n'ai jamais eu contre vous aucun
sentiment qui dût être mal interprété, que je vous ai toujours respecté
pour vous et indépendamment de votre autorité, pour laquelle j'ai toujours
conservé la soumission qu'elle exige de moi »2.
      En raison de sa bonne volonté, Deribes fut autorisé à garder les ar-
rêts dans sa résidence. Quant à Rivalz, « l'homme le plus violent, le plus
passionné, le plus indépendant, le plus insolent », il refusa tout net d'ac-
cepter la punition qui le frappait, et malgré les représentations très vives
de Poivre, fut envoyé à l'île Rodrigue où le commandant donna ordre
de préparer une maison à son intention3.
      Le coup d'état de Dumas ne laissa pas, à la réflexion et la première
colère passée, de lui paraître un peu risqué. Aussi, en le narrant à ses amis
et protecteurs, demande-t-il leur conseil et leur appui. Il s'efforce parti-
culièrement de convaincre Dubuc qu'il a agi uniquement pour le bien
du service du Roi. « En ouvrant mes dépêches, méfiez-vous de l'impres-
sion qu'on reçoit toujours d'une secousse violente. Comptez que la tête
ne m'a pas tourné et que le soleil ardent de ces climats n'a pas pesé sur
elle. Ceux qui passent en France rendront témoignage qu'elle est froide.
Mais sans le coup de vigueur que j'ai porté, tout était perdu dans cette
colonie. L'autorité du Roi y était foulée aux pieds ; je perdais person-
nellement toute considération, et au moindre mouvement de guerre,
j'aurais voulu vainement rassembler trente habitants de cette colonie
pour aider à la défense. Tout m'eût peté dans la main »4.
      C'est aussi l'argument de la défense que Dumas invoque auprès de
   me
M de Saint-Jean. S'il a payé d'audace, c'est pour empêcher l'autorité
du Roi d'être «anéantie». Il prie son amie de se renseigner auprès de
Dubuc et de « faire tirer des extraits » de sa correspondance « pour les

   i.   Journal de M. Dumas, 33 février 1768 ; Dépêches de M. Dumas, 24 février.
   2.   Mémoire et Consultation pour le S r Dumas, 45.
   3.   Journal de M. Dumas, 23 février 1768 ; Dépêches de M. Dumas, 24 février.
   4.   Copie de toutes les lettres écrites par M. Dumas, 2 mars 1768, à M. Dubuc.