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 bue par la séduction de l'amitié avait changé les formes pour m'attribuer
 à son préjudice des choses qui n'appartiennent point aux gouverneurs gé-
néraux des colonies... Il est évident que M. Poivre s'était persuadé qu'il
 devait avoir ici toute l'autorité, que je serais borné à commander la Lé-
gion et à faire l'exercice »x.
      Or, Dumas avait une tout autre conception de son autorité. « Com-
mandant pour le Roi », il représente le prince comme un gouverneur dans
une province, et il entend donner son avis sur les affaires de « grande ad-
ministration ». « Partout où la prépondérance peut avoir lieu, elle m'ap-
partient sans difficulté ». Et s'il s'agit d'une question militaire, « cette
prépondérance est décidée par la nature des choses ». « C'est à vous, mon-
sieur l'Intendant, à vous conformer à ce que je détermine, en vertu de
l'autorité qui m'a été confiée, sauf à rendre compte au Ministre que cela
a été fait contre votre sentiment et contre vos représentations » \
     Dumas prend au sérieux son rôle et ne consent pas à faire simple
figure de colonel. Dès le mois de juillet 1767, il voit « les habitants de tous
les états pour expliquer et faire entendre les intentions du Roi, la forme
établie dans la législation, et ranimer la confiance qu'une administration
vicieuse a altérée depuis longtemps »3.
     Bientôt son activité s'étend aux sujets les plus variés. Ce n'est pas
assez pour lui de veiller à la mise en état de défense de la colonie et à la
formation des troupes régulières et de la milice. Il donne au ministre son
opinion sur la question des dettes et du ravitaillement, sur l'organisation
des traites à Madagascar, sur les relations à entretenir avec les établisse-
ments de l'Inde, sur la lutte à poursuivre contre l'Angleterre. Spontané-
ment, il entre en correspondance avec les agents français du Bengale et
de Pondichéry, avec le gouverneur hollandais du Cap, avec l'évêque de
Bagdad, auquel il demande s'il est possible d'ouvrir dans son diocèse
« deux branches de commerce » concernant les femmes et les chevaux.
« Vous devez avoir de belles femmes grecques et de beaux chevaux arabes.


   1. Journal de M. Dumas, 27 août 1767.
   a. Copie de toutes les lettres écrites par M. Dumas, 8 décembre 1767, à M. Poivre.
   3. Journal de M. Dumas, 31 juillet 1767.