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finissait la tutelle, Charles fut pourvu, par le lieutenant-général au bailliage
de Bresse, d'un curateur en la personne de Me Jacques Curtil, notaire et
procureur à Bourg. Mais son ancien tuteur, trouvant excessif le gage annuel
de cent livres demandé par ledit Curtil, s'offrit à gérer gratuitement les
biens de son neveu jusqu'à sa majorité : ce qui fut naturellement accepté1.
De bonne heure, l'esprit sérieux et méditatif de Démia, sa charité, son
amour des pauvres, sa foi intense, son goût prononcé pour la solitude et son
peu d'attrait pour la vie mondaine, parurent les indices d'une vocation
naissante. Le 31 mars 1654, l'année même où il suivait le cours de rhéto-
rique, il allait à Lyon recevoir la tonsure des mains de l'archevêque Camille
de Neufville a . On peut admettre sans témérité que l'influence des Jésuites
ne fut pas étrangère à cette détermination.
Au mois d'octobre de la même année, le jeune homme quittait de nou-
veau sa ville natale pour faire ses études de philosophie au collège lyonnais
de la Trinité 3.
Nous ne nous étendrons pas sur « les fruits de science et de piété » que,
au dire de ses anciens biographes, Démia retira de son séjour dans ce collè-
ge, illustré par l'enseignement de tant de professeurs remarquables : les
humanistes Pomey, Milieu, Joubert, les Pères de la Colombière, Colonia,
de la Chaize et Menestrier, célèbres à des titres différents. Faillon, obser-
vant que les congrégations florissaient déjà dans les maisons de Jésuites,
nous représente Charles Démia comme un congréganiste modèle. Nous
regrettons, pour notre part, de n'avoir découvert aucun document sur un
point qu'il serait intéressant d'étudier, en raison de cet esprit de charité, de
ce profond amour des pauvres qui souleva plus tard la grande âme de
1. Claude Bollonier, le fils, offrit lui-même de continuer cette administration jusqu'au décès « (dont
Dieu ne veuille ») de son père. Curtil dut abandonner la curatelle, mais non sans y avoir été contraint par
ordonnance du Parlement de Dijon.
2. Telle est du moins la date donnée par Faillon. D'après ce même auteur, le jeune clerc fit frapper, Ã
cette occasion, une médaille à l'effigie de la Vierge avec cette inscription : Interverti pro clero.
3. Ce célèbre collège avait remplacé la confrérie de la Trinité lors de sa suppression en 1539. Il fut
d'abord dirigé par des séculiers, parmi lesquels on peut citer le principal Guillaume Durand, Christophe
Milieu, Gilbert Ducher, le poète bressan Claude Bigothier, le principal Barthélémy Aneau, victime des
passions populaires en 1561. Les Jésuites s'y installèrent en 1565. Expulsés une première fois en 1594, ils
revinrent dix ans après. En 1607, furent construits les bâtiments actuels.