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— 164 — Au milieu du seizième siècle vivait à Hauterive « honneste Loys Demyaz ». Il devait jouir de certaines « relations », sinon de quelque aisance, puisqu'il maria deux de sesfillesà Bourg : Pernette, en 1580, avec le maître cordier Anthoyne Berthod ; Etiennette, en 1592, avec un marchand, « hon- neste Jehan BuattierI ». Son fils, Gonyn, mourut jeune, laissant un orphelin, qui portait le prénom de Jacques. L'oncle Berthod fit venir l'enfant auprès de lui 3 et le mit à l'école. Ensuite, il lui apprit le métier de cordier. Au bout de quelques années, Jacques s'établit à son compte. En juillet 1601, il épousa Bartholomye Bollomier 3. Peu après, les jeunes mariés ache- tèrent d'abord une maison où ils s'installèrent, rue d'Espagne, en plein cœur du vieux Bourg, ensuite un « banc » de vingt pieds de long, sous les halles, afin d'y vendre les cordes que Jacques fabriquait. Les Halles de Bourg étaient célèbres à cent lieues à la ronde. Dans leurs cinq avenues parallèles, larges et longues comme des rues, se tassaient les unes contre les autres quantité de petites échoppes en bois, massives, solides, fermant à bascule : les « bancs ». Embusqués sous les auvents, où s'accrochaient des échantillons de toute espèce, cordonniers, peaussiers et cordiers, aux allées du midi ; gens de métier au nord ; au centre, merciers, toiliers, drapiers, d'autres encore, disposaient leurs marchandises dans un demi-jour propice. A la mort d'un certain Guillaume Berger, Jacques Démia acquit un second banc 4. Il eut ainsi un vaste emplacement 5, où étaler les beaux chan- vres qu'il filait sous les ormes du mail. Le métier était bon et le cordier s'enrichissait. Aussi le voyons-nous acheter «du bien», comme disent encore les fermiers bressans : c'est, en 1623, 1. Une autre fille resta à Hauterive où elle épousa François Faure. 3. En 1596, Antoine Berthod était « hôte » rue Crèvecœur (Visite et contrôle des habitants de Bourg, Archives de l'Ain). 3. Fille de feu André Bollomier ou Bollomy, cordonnier, bourgeois de Bourg, et de Jaqueme Louis (Contrat passé le 30 juin, en présence de messire Jehan Millet, chanoine de Notre-Dame de Bourg). 4. Vente consentie par les héritiers le 32 mars 1623. 5. Sis entre la rue et la place des Halles au matin, la grande avenue des Halles au nord, et l'avenue des Cordiers au midi.