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ville, son escorte se jeta sur cette proie et alla s'en partager les lambeaux
dans un cabaret du voisinage. Le poêle du clergé sous lequel il passa
eut le même sort devant Saint-Jean, aussitôt qu'il le quitta. Des laquais,
dissimulés derrière un mur, l'enlevèrent si dextrement que les spec-
tateurs le cherchaient en l'air, pensant qu'il se fût envolé. Pour conquérir
la mule, les archers du Roi et les soldats de la ville se battirent pendant
plus d'une heure et faillirent l'écarteler. C'étaient les jeux du bon vieux
temps, et les princes ne dédaignaient pas de s'y mêler à leur façon. Henri IV,
posté en bonne place à une fenêtre avec une petite arbalète, criblait de
galets les combattants si échauffés par la lutte qu'ils ne sentaient pas les
coups.
     Il voulut aussi faire à ses sujets leur part dans la réjouissance de ses
noces. Aussi prétendait-il, bien qu'il fût depuis huit jours le mari de sa
femme, recommencer les cérémonies de Florence. Le Légat maintenait
qu'il ne s'y pouvait rien ajouter, le mariage de leurs Majestés étant par-
fait et ratifié par procuration et « paroles de présent ». Mais il ne refusa
pas de donner sa bénédiction aux époux, dans la Cathédrale, et après
la messe.
      Le dimanche 17 décembre, la Cour, en aussi grand apparat que pour
un vrai mariage, se rendit à Saint-Jean. A la tête du cortège marchait la
jeune noblesse devant les trompettes, les tambours et les fifres. Les pages
de la chambre, les chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit, les ducs et pairs
et les grands seigneurs précédaient le nouveau marié, galamment vêtu
« de satin blanc, en broderie d'or et de soie, ayant la cappe (sic) noire as-
sortie à l'habit, sur laquelle il portait le colier (sic) de ses Ordres ». La
Reine suivait « vestuë d'un manteau royal de veloux violet cramoisi, semé
de fleurs de lys d'or, portant une couronne à l'impériale », qui était cou-
verte de perles, de diamants, de rubis, et au cou « le grand carquant que
le Roy luy avoit envoyé » le jour d'avant son entrée à Lyon. Elle était con-
duite par le prince de Conti et le duc de Montpensier, deux Bourbons,
et assistée par mesdames de Nemours et de Guise, mademoiselle de Guise,
la comtesse d'Auvergne et la duchesse de Ventadour, qui se relayaient
pour soutenir son manteau, si lourd qu'elle n'eût pu sans aide se mouvoir.
La population massée dans les rues, aux fenêtres, sur la place de Saint-