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pas fallu, comme par dérision, loger à ses pieds une corneille, qui dénote
la fidélité dans le mariage, « pour ce que cet oiseau comme la tourterelle
ne s'accouple jamais après la mort de son masle ».
      Les échanges entre palmiers mâles, et femelles étaient aussi maladroi-
tement choisis que possible comme symbole idéal de monogamie.
      Sur un des côtés de cet arc de triomphe qu'on peut dire mitoyen
étaient posées les armes de l'archevêque, comte de Lyon, primat des
Gaules, et celles de la Grande Eglise de Lyon. Aussi le Chapitre avait-il
prêté son « maître de l'œuvre », le chanoine Thomas Meschatin La Faye,
et contribué pour une petite somme aux travaux d'édification. Ici s'ou-
vrait sa ville, celle dont les huguenots éventrèrent l'enceinte, sans pouvoir
l'anéantir, un autre Lyon, où il allait recevoir l'épouse du roi très-chrétien.
Marie de Médicis, toujours en litière, passa du poêle des bourgeois sous
celui du clergé et, après une dernière harangue de l'archevêque, et un
 Te Deum à Saint-Jean, elle put enfin se retirer dans le logis qui lui avait
été réservé.
      Comme l'archevêché d'alors n'était pas assez vaste pour loger le
couple royal, la Reine occupa, dans une maison contiguë, un appartement
qu'une porte « faite exprès au bout d'une salle » mettait en communica-
tion avec celui du Roi. Elle y attendit, non sans impatience, ce mari in-
connu que retenait loin d'elle le conflit avec le duc de Savoie. Le Légat,
qui apportait le consentement de Charles-Emmanuel à l'échange des
territoires, avait trouvé le roi de France plus difficile qu'il ne pensait et
résolu à se faire rembourser, en outre, les revenus que le Savoyard avait
perçus à Saluées pendant douze ans d'occupation. La guerre menaçait de
recommencer quand les neiges tombèrent en si grande abondance « qu'el-
les paroissoient, dit Cheverny, comme hautes montagnes d'un lieu à un
autre ». Elles empêchèrent les adversaires de s'affronter. Henri IV invita
le médiateur à le rejoindre à Lyon, « où s'achever oit plus facilement la
négociation de la paix ».
      Il partit en avant avec « sa maison, partye de la Cour et son régiment
des gardes et autres ordinaires de sa suite », — environ un millier d'hom-
mes. Le 7 décembre il était à Seyssel, d'où il écrivait à la Reine qu'il n'y
avait pas trouvé de bateaux, mais qu'il en trouverait trois lieues plus loin