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— 150 — pas fallu, comme par dérision, loger à ses pieds une corneille, qui dénote la fidélité dans le mariage, « pour ce que cet oiseau comme la tourterelle ne s'accouple jamais après la mort de son masle ». Les échanges entre palmiers mâles, et femelles étaient aussi maladroi- tement choisis que possible comme symbole idéal de monogamie. Sur un des côtés de cet arc de triomphe qu'on peut dire mitoyen étaient posées les armes de l'archevêque, comte de Lyon, primat des Gaules, et celles de la Grande Eglise de Lyon. Aussi le Chapitre avait-il prêté son « maître de l'œuvre », le chanoine Thomas Meschatin La Faye, et contribué pour une petite somme aux travaux d'édification. Ici s'ou- vrait sa ville, celle dont les huguenots éventrèrent l'enceinte, sans pouvoir l'anéantir, un autre Lyon, où il allait recevoir l'épouse du roi très-chrétien. Marie de Médicis, toujours en litière, passa du poêle des bourgeois sous celui du clergé et, après une dernière harangue de l'archevêque, et un Te Deum à Saint-Jean, elle put enfin se retirer dans le logis qui lui avait été réservé. Comme l'archevêché d'alors n'était pas assez vaste pour loger le couple royal, la Reine occupa, dans une maison contiguë, un appartement qu'une porte « faite exprès au bout d'une salle » mettait en communica- tion avec celui du Roi. Elle y attendit, non sans impatience, ce mari in- connu que retenait loin d'elle le conflit avec le duc de Savoie. Le Légat, qui apportait le consentement de Charles-Emmanuel à l'échange des territoires, avait trouvé le roi de France plus difficile qu'il ne pensait et résolu à se faire rembourser, en outre, les revenus que le Savoyard avait perçus à Saluées pendant douze ans d'occupation. La guerre menaçait de recommencer quand les neiges tombèrent en si grande abondance « qu'el- les paroissoient, dit Cheverny, comme hautes montagnes d'un lieu à un autre ». Elles empêchèrent les adversaires de s'affronter. Henri IV invita le médiateur à le rejoindre à Lyon, « où s'achever oit plus facilement la négociation de la paix ». Il partit en avant avec « sa maison, partye de la Cour et son régiment des gardes et autres ordinaires de sa suite », — environ un millier d'hom- mes. Le 7 décembre il était à Seyssel, d'où il écrivait à la Reine qu'il n'y avait pas trouvé de bateaux, mais qu'il en trouverait trois lieues plus loin