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— i34 — écus, dont 300.000 en créances. Après un nouveau débat à Florence entre le Grand Duc et les délégués du roi de France, l'accord se fit sur le chiffre de 600.000 écus d'or, de 7 livres 1/2, monnaie florentine, dont 350.000 seraient versés aussitôt après la célébration du mariage, et le reste défalqué de la dette. C'était une dot royale : 4.500.000 livres, ou, pour être plus intelli- gible, 13.500.000 francs en valeur absolue, sans tenir compte du pouvoir d'achat, qui, même avant 1914, serait quatre ou cinq fois plus fort. Le Roi constituait en douaire à sa femme un revenu annuel de 20.000 écus d'or sol (60.000 livres), et s'engageait, outre la jouissance des joyaux de la couronne, à lui donner en propre tels bijoux et joyaux qui convien- nent à une reine. Aux portes de Lyon, il lui fit remettre un collier de pierreries évalué à 150.000 écus. Le contrat fut signé à Florence le 25 avril (1600) et, à partir de ce jour- là , Marie de Médicis fut traitée en reine. « Elle disna publiquement et fut assise à table sous un dais ; son oncle s'assit beaucoup plus bas qu'elle ». La fiancée du roi de France était fille de François de Médicis, le pré- décesseur et le frère du Grand Duc régnant, et de Jeanne, archiduchesse d'Autriche. Elle avait vingt-six ans accomplis. Le portrait de Scipione Gaetano, qui est au Palais Pitti, la représente, avec peu d'art et sans flatte- rie, avec un nez fort, des yeux à fleur de tête, comme chez la plupart des Médicis, des cheveux blonds tirant sur le châtain, et un visage sans ex- pression. Une estampe de notre Bibliothèque Nationale accentue le man- que de charme et d'intelligence. Mais les gens qui la virent à son débar- quement à Marseille la trouvaient appétissante. « Sa Majesté, dit le do- cument officiel, estoit de fort riche taille, grasse et en bon poinct, un fort bel œil, un teint fort beau sans fard et sans poudre ». Elle s'habillait su- perbement. Elle passait pour morose. Sa jeunesse avait été attristée par la mort de sa mère, après une chute, qui fait penser à un crime, et par le mariage de son père avec une maîtresse intéressée à l'accident, la belle Bianca Capello, une aventurière vénitienne. Le seul parent qui lui eût inspiré de la sympathie, c'est son oncle Ferdinand ; elle n'aimait pas sa tante, la grande duchesse Christine de Lorraine, petite-fille de Catherine de