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Maison Commune. Ce détachement a dû traiter de royaliste un individu
passant sur son front avec un bouton blanc à son chapeau et sur chaque
flanc trois boutons formant un triangle regardé comme fleur de lis. Ce
particulier répliqua par des invectives ; d'autres particuliers se joignirent à
lui et la rixe s'engagea. Le détachement fut menacé de coups de bâtons. Il
repoussa les assaillants avec ses armes et un individu fut grièvement blessé
d'un coup de bayonnette. Alors l'attroupement commença à se former... ».
      C'est de cette façon plus que sommaire que le commissaire du Direc-
toire explique l'origine de tout ce qui s'est passé dans la journée. Alors que
tous les rapports officiels, que toutes les relations officieuses dont nous
avons extrait le récit fidèle des événements du I er prairial sont d'accord
pour attribuer aux volontaires seuls la responsabilité du meurtre de Rollet,
pour affirmer qu'ils ont été les provocateurs et qu'aucune rixe ne précéda
ce meurtre, Paul Cayre les représente comme ayant agi en état de légitime
défense ; il laisse croire que leur victime était l'un de leurs assaillants et il
ne mentionne même pas sa mort. Ce préambule lui permet ensuite de ra-
conter à sa façon, souvent inexacte et tendancieuse, tout ce qui suivit : les
interventions pacificatrices du général, qui semblent bien n'avoir pas été de
son goût, les deux meurtres commis par les « Compagnons de Jésus » et les
menus faits de la nuit. Il reconnaît pourtant que « pendant le reste de la
soirée et de la nuit, la ville fut calme ». Il ne peut toutefois, en terminant,
s'empêcher de revenir sur ce qu'il appelle « l'attroupement », c'est-à-dire
sur la violence initiale du matin. « On avait trompé le général Montchoisy
— dit-il — sur les auteurs de cet attroupement qu'il annonça à l'adminis-
tration du département être les anarchistes de 1793. Je le désabusai pour
que ses mesures portassent à plomb, et je n'ai pas cessé de le désabuser dans
les diverses lettres que je lui ai adressées ».
     Pendant que Paul Cayre commençait à circonvenir le gouvernement
de la sorte, ceux dont il se faisait l'auxiliaire s'agitaient avec moins d'habiles
précautions. Les administrateurs de police, qui n'ignoraient pas que Mont-
choisy avait signalé aux pouvoirs publics l'incapacité et le discrédit des
singuliers acolytes que Reverchon lui avait imposés, lui écrivaient à leur
tour, le 3 prairial, d'une façon plutôt désobligeante, pour lui offrir une
démission sur laquelle ils devaient revenir bientôt. Et, pensant le mettre