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 terre aux applaudissements de tous et, les groupes commençant à se dis-
 perser, il pénétra dans l'Hôtel de Ville où l'attendait, comme on attend un
 sauveur providentiel, l'administration départementale.
      Montchoisy entra aussitôt en conférence avec les autorités civiles ;
 d'accord avec elles, il arrêta les termes d'une proclamation invitant les
 Lyonnais au calme et à la sagesse ; il interrogea les militaires sur l'événe-
 ment sanglant qui venait d'avoir lieu. Mais, pendant ce temps, un tumulte
 nouveau s'élevait au dehors. Pour parer à toute éventualité, pour assurer
l'ordre s'il en était besoin et pour réprimer toutes les tentatives de violence
 populaire qui pourraient se manifester, le commandant de la force armée, à
 qui incombait évidemment ce devoir, avait, au moment même où il se ren-
dait en toute hâte sur les lieux, fait mettre sous les armes les militaires
casernes aux Collinettes et à l'ancien couvent des religieuses Annonciades
communément appelées « les Bleu-Céleste », en leur transmettant l'ordre de
se rapprocher des Terreaux pour être prêts à tout événement. L'apaise-
ment qu'il avait obtenu ne lui avait pas laissé le temps de donner de nou-
veaux ordres, et un premier bataillon de volontaires, venu des Collinettes,
faisait soudain son apparition sur la place, au bas de la descente de la
Glacière *.
      Une clameur formidable partit à ce moment de la foule, non encore
complètement dispersée, qui crut à une méconnaissance de la parole don-
née, à une véritable trahison de la part du chef de la force armée. On se
porta en masse au-devant des soldats et bientôt ceux-ci se trouvèrent en
présence d'un véritable rempart humain qui arrêta leur marche en avant.
Le commandant du détachement, incertain de ce qu'il devait faire, atten-
dant des ordres, qui ne pouvaient tarder de lui être donnés, eut le bon
esprit de ne pas passer outre, et bien lui en prit. Le général Montchoisy
sortait en effet de l'Hôtel de Ville. La foule se tournait vers lui, suppliante,
réitérant ses promesses de sagesse, et, sur ces nouvelles assurances, le géné-
ral, jugeant l'intervention armée inutile, ordonnait aux soldats de faire
volte-face et de regagner leur quartier —ce qu'ils firent à l'instant, sans la
moindre difficulté, pendant que la foule commençait à s'éclaircir sur la

   i. Aujourd'hui rue Romarin.