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café en faisant travailler les autres... U apprenti à son tour doit être tyranni-
sé par le compagnon qui, en l'absence du fabricant-maître, est son maître.
Qu'on se figure donc la population des campagnes, forte, gaie, fraîche
et rose, entrant dans les lugubres rues, venant y subir cette tyrannie du
petit atelier, souffrir, pâlir, envier. Autrefois tout cela sans doute était pire
encore. Mais... (icipage arrachée).
Ainsi d'un côté Fourvières et Saint-Jean, la spiritualité, mais spiritua-
lité encore matérielle, comme il convient à cette ville matérielle.
De l'autre côté, sur l'autre montagne, le Jardin des Plantes et le Musée,
l'école des coloristes et des imitateurs, c'est-à -dire la' matérialité spiritua-
lisée par l'art, la fantaisie1.
Le travail par famille est une spiritualité comme conservant des habi-
tudes et traditions morales, des pères aux enfants. Mais dans cette familia
comme dans celle de l'antiquité, il y a un esclave : le compagnon, un esclave
intelligent, malveillant( ?).
MARDI 2 AVRIL2.
Reçu le matin la visite de MM. Foisset 3, Péricaud * et Noirot B
(M. Foisset, de Beaune, a mis sa fille en pension à Lyon au Sacré-Cœur)
puis celle de MM. Monfalcon, Puiseux, Boulay (ancien proc(ureur) gén-
éral), auteur d'une Histoire de la Révolution de Juillet et médecin de la
Charité). Au moment où M. Monfalcon est entré, M. Péricaud disait qu'il
n'avait pas voulu recevoir son livre dans la bibl(iothèque) comme trop favo-
rable au gouvernement, quoique l'auteur l'eût enrichi de nombreux auto-
graphes de MM. (de) Gasparin, etc. 6 .
Le médecin de la Charité me disait que ce grand hospice si riche au-
jourd'hui, qui possède la maison même que j'habite et bien d'autres, avait
commencé avec un reliquat de 600 francs.
L'Antiquaille7. M. Boulay, l'un des administr(ateurs) de l'Antiquaille,
i. Premier « état », d'ailleurs très discutable, de l'antithèse des deux montagnes, Fourvières et la Croix-
Rousse, que Michelet développera dans le Banquet en 1853.
a. Michelet écrit étourdiment dans son manuscrit : 3 avril (mardi) et 4 avril (mercredi), alors qu'il a
bien noté : samedi 30 mars et dimanche 31.
3. J. T. Foisset (1800-1873), ami de Montalembert et de Lacordaire dont il s'est fait le biographe.
Cf. H. Hauser, / . Michelet et Foisset, Revue de Bourgogne, 1913.
4. Antoine Péricaud aîné (1782-1864), bibliothécaire de la ville avant Monfalcon, auteur d'un Diction-
naire des célébrités lyonnaises avant 1839, collaborateur à la Revue du Lyonnais.
5. Abbé J. M. Noirot (1793-1880), l'éminent professeur de philosophie qui fut le maître d'Ozanam, de
Francisque Bouillier et de Victor de Laprade. Voir plus loin.
6. Comte A. E. de Gasparin, préfet du Rhône de 1832 à 1835, plus tard ministre et pair de France,
père de l'agronome.
7. L'Antiquaille était, en 1839, u n hospice d'aliénés.