Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                    — 484 —
n'a pas indiqué l'abréviation. Pour les mêmes raisons, on n'a pas le droit,
au vers suivant, de corriger fugat enfugiat. La meilleure traduction propo-
sée du pentamètre est celle-ci : la mort écarte les gages placés en vue de conju-
rer le décès du roi. Elle est loin de nous donner entière satisfaction ; avouons
que le moine poète a été inférieur à sa tâche. On se serait attendu à ce que ce
vers commentât le côté opposé (ohpositum)1 de l'autel où précisément on
croit voir un personnage agonisant que souvent on a pris pour le roi de
France et un autre personnage qui pourrait bien être la Mort (en réalité il
s'agit de la mise au tombeau de la Vierge). Il faudrait admettre que le poète
ait interprété le bas-relief à contresens : en tout cas, c'est l'explication qui
devrait se présenter à première vue.
      Mais ce texte obscur s'éclairera si l'on songe au symbole contenu dans
ces vers ; et d'abord, est-il vraisemblable que, pour commémorer la cons-
truction d'un édifice, on indique le mois (juillet) et le quantième (12), sans
révéler l'essentiel, c'est-à-dire le millésime ? Non, et nous ne devons avoir
affaire à un chronodistique ; relevons donc les lettres chiffres du premier
vers et faisons le total :
            LaMpade blssenafL Vit Vr Vs IVLIVs Ibat
      On trouve 1180, c'est exactement l'année de la mort de Louis VII le
Jeune ; il n'est pas possible de révoquer en doute la valeur chronographique
de ce vers. Les chronogrammes étaient à la mode depuis le XIe siècle envi-
ron et les moines excellaient en ce genre d'exercice. N'est-ce pas vraiment
un tour de force que de faire entrer poétiquement dans un vers le millé-
sime, le mois et le quantième d'une date. Le pentamètre suivant rappelle la
coïncidence qui fait mourir le roi donateur l'année même où s'achevait
l'église qu'il avait érigée. Comme Louis VII est mort le 18 septembre 1180,
il faut nécessairement admettre que le distique est de la fin de l'année. Le
premier versfixele jour auquel l'église fut livrée au culte ; le second marque
qu'à la même époque le roi donateur était proche de sa mort, en dépit des
offrandes qu'il avait faites pour reculer le terme de ses jours. L'incorrection
et l'obscurité du distique, sans préjudice de ses caractères particuliers, nous

     1. C'est là le sens classique de oppositum qui n'a jamais signifié gage placé pour conjurer. Mettre en gage
se dit deponere.