page suivante »
ANTIQUAIRES LYONNAIS DE LA RENAISSANCE Miramur periisse homines i monumenta fatiscunt Mors etiam saxis nomimbusque venit. AUSONE, Epigr. 35 1. Depuis La Bruyère, qui ne fut pas tendre pour les curieux, il est de fort bon goût dans la société moderne d'avoir pour ceux qui déplorent mélancoliquement l'oubli et la perte des chefs-d'œuvre de l'Antiquité, une sorte de dédain, qui n'est point éloigné de la pitié. C'est peut-être la preuve d'un retour lent à la barbarie, car les périodes de forte civilisation et de grande activité intellectuelle ont été toujours marquées par une recrudes- cence très nette de l'amour du passé. Les collectionneurs de l'ancienne Rome 3 ont vécu à l'époque de la plus grande splendeur du génie latin. Après le mysticisme du Moyen Age, la résurrection de la pensée païenne et du bon goût dans la magnifique éclo- sion de la Renaissance, a suscité, chez les privilégiés des classes instruites qui dirigeaient alors les peuples, un enthousiasme inouï pour l'Antiquité classique. Cette symétrie dans le rythme évolutif de l'esprit humain, au cours de ces deux périodes qui s'étendent, l'une, de la fin de la République Romaine 1. Ces vers sont inscrits dans la marge du manuscrit du Lugdunum priscum de la main même de Claude de Bellièvre. 3. E. Bonnaffé, les Collectionneurs de l'ancienne Rome; Paris, Aubry, 1867.