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       Que Bailly, Lalande et Arago restent des savants intègres et loyaux,
 tandis qu'il n'en est pas de même pour Marat.
       Enfin, qu'après l'Académie des Sciences de Paris, l'Académie de Lyon
et celle de Montpellier ont eu pleinement raison, à tous points de vue, de ne
pas couvrir de leur approbation ou de leurs lauriers les mémoires tendan-
cieux de Marat.
       En définitive, on peut dire que le jugement très sévère ici formulé,
au nom de l'Histoire et de la Science, sur Marat physicien, concorde avec
les jugements défavorables portés aussi sur lui à d'autres points de vue par
la grande majorité des critiques compétents, et que, dans chacun des do-
maines sociologique, scientifique, médical et politique où Marat exerça son
incontestable activité, il se comporta comme un arriviste sans vergogne et
un publiciste sans scrupules. Tout au plus, dans ses travaux de physique,
remarque-t-on quelques expériences originales et intéressantes ainsi qu'une
très bonne méthode de rédaction et de présentation.
      Marat, on doit le reconnaître, était doué de trois belles qualités : il était
intelligent, laborieux et désintéressé ; ce qui l'a perdu, c'est son tempéra-
ment impulsif, son caractère vindicatif, son ambition démesurée, son
orgueil insensé, son amour morbide de la gloire, sa gloriomanie !
      Hélas ! ab uno disce omnes ! Les Marat ont été nombreux dans le passé,
ils le sont de même aujourd'hui, et il est plus que probable qu'ils le seront
encore longtemps dans l'avenir.
      L'étude strictement biologique1 de l'organisme humain pris dans son
ensemble, c'est-à-dire dans Yunion inséparable de ce que nous croyons

de résine dans lequel, paraît-il, il avait introduit des aiguilles métalliques pour démontrer que les physiciens
qui affirmaient que cette substance est isolante vis-à-vis de l'électricité s'étaient trompés ; a0 par ses manœu-
vres louches et déloyales pour capter les suffrages des Académies de Paris et de Province ; 30 par ses diatribes
injurieuses et injustifiables contre ces Académies coupables (sauf celle de Rouen) de n'avoir pas voulu
approuver et couronner ses pseudo-découvertes physiques, diatribes rendues publiques dans ses Mémoires
académiques (1788), dans son journal l'Ami du Peuple (1790, etc.), dans ses Charlatans modernes (1791) ;
4° par sa traduction de l'Optique de Newton arrangée à sa façon et publiée en 1787 dans des conditions d'une
fourberie révoltante qu'il serait trop long d'exposer ici.
      1. Il ne s'agit pas ici de cette biologie purement théorique et spéculative, mise à la mode, non sans succès,
depuis une vingtaine d'années, par des philosophes et psychologues de tous pays, ni non plus d'une certaine
biologie fantaisiste qui nous promet pour demain le miracle de la fabrication in vitro des êtres vivants et
autres calembredaines bonnes tout au plus à l'ébahissement des badauds, mais bien de la véritable biologie
qui, pour étudier ce qu'on appelle la vie, s'appuie prudemment et solidement sur le trépied de la méthode
scientifique : observation, expérience, raisonnement.

Rev. Lyon,, III, iv                                                                                         3