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riences relatées dans ces mémoires devaient être répétées et vérifiées. On
verra plus loin que, par cette méthode vraiment scientifique, M. de Villers
n'a pas tardé à se dégager lui-même des mailles du filet où Marat cherchait
insidieusement à l'emprisonner ; c'est ce qui explique pourquoi l'Académie
de Lyon a rendu un jugement différent de celui de l'Académie de Rouen.
      M. de Villers s'occupa ensuite de recueillir des fonds pour couvrir les
frais nécessaires aux expériences de vérification. Mais aucun concurrent ne
se présenta au cours des mois suivants, en sorte que dans son Programme
annuel des prix publié le I er septembre 1785, l'Académie annonça sa déci-
sion de prolonger le délai d'envoi des manuscrits jusqu'au I er avril 1786, la
proclamation du lauréat devant être faite dans la séance solennelle tenue
« après la fête de saint Louis », c'est-à-dire à la fin du mois d'août.
      C'est alors que Dom Gourdin, averti sans doute de l'envoi imminent
des deux mémoires de son ami Marat, adressa au secrétaire perpétuel de
l'Académie l'insidieuse lettre que j'ai reproduite et analysée à propos de ses
aveux de connivence avec Marat ; je n'y reviendrai donc pas ici, me conten-
tant de souligner à nouveau la manœuvre tentée, sans succès, par les deux
compères.
      Les deux mémoires envoyés par Marat au concours de Lyon sont
parvenus à M. de La Tourrette, secrétaire perpétuelle même jour, 27 mars
1786, à quelques heures d'intervalle, par les diligences de Paris. L'envoi en
avait été d'ailleurs annoncé à La Tourrette par deux lettres, l'une datée de
Paris, 20 mars 1786, et signée « Martin, caissier général des Messageries »,
qui demandait un récépissé, l'autre datée de Paris, 22 mars 1786, et non
signée.
      Ainsi qu'il résulte d'une expertise qu'a bien voulu faire mon savant
confrère et ami le docteur Edmond Locard, directeur du Laboratoire de
Police technique de Lyon, cette lettre anonyme est de la main de Marat,
quoique ce dernier ait manifestement cherché à s'appliquer, ou à modifier
son graphisme courant. Mais, à cette première assurance d'authenticité,
s'en ajoute une autre très précieuse : c'est que le cachet de cire rouge qui
fermait la lettre et qui heureusement a été conservé, n'est autre que celui
même dont se servait Marat et dont le docteur Cabanes a donné, d'après
A. Duleau, une figure dans son Marat inconnu (2e édit., p. 93). Bien que