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      « Je vous demande mille pardons, mes chers Confrères, si je jette
l'allarme parmi vous, mais je suis moi-même au désespoir, je ne sçaurois me
permettre aucune réflexion. Si vous m'aviez consulté ! Si vous aviés eu en
moi plus de confiance ! les larmes et les sanglots m'étouffent.
      « Que ce soit entre nous, mes chers Confrères, je vous le demande en
grâce ; je trahis la confiance avec laquelle MM. de Vergennes et de Calonne
m'ont parlé, je n'ai pas la permission de vous en instruire, mais je suis
toujours porté d'inclination à vous faire part de tout ce qui est relatif à la
confiance dont vous m'honores.
      « Recevez avec mes regrets l'assurance du sincère et respectueux atta-
chement avec lequel j'ai l'honneur d'être, Messieurs et chers confrères,
votre très humble et très obéissant serviteur ».
      Cette lettre n'eut pas l'effet de produire sur les recteurs une émotion
aussi vive que celle que son auteur avait ressentie. On en pourra juger par
cette réponse qu'à la date du 3 juin ils adressent au comte de Cordon et qui
traduit bien les sentiments dont ils étaient alors animés :
      «... Nous commençons par vous témoigner combien nous sommes
affectés de l'excès de la douleur dans laquelle vous paroisses plongé ; c'est la
seule chose, nous vous le certifiions, à laquelle nous serions vraiment sensi-
bles ; car les reproches, que nous ne pouvons attribuer qu'aux personnes
qui ont intérêt à l'exécution du projet de la Douane, sur l'envoi de nos
mémoires et de nos délibérations à tous les membres du Conseil ainsi que
sur le mot obtempérer et les prétendues cabales et intrigues, sont pitoyables.
      « A qui pouvions-nous adresser notre réclamation, sinon aux juges du
tribunal dont émanoit la décision qui l'excitoit ; M. de Vergennes et M. de
Calonne ne nous ont jamais écrit qu'ils prenoient intérêt au projet du trans-
port de la Douane ; ils n'ont point répondu à nos mémoires ; l'arrêt nous a
été envoie par M. l'Intendant comme l'ouvrage du Conseil ; dans cette
position, supposer qu'en cherchant à éclairer les membres qui le composent
nous avions voulu compromettre ces Ministres, c'est nous prêter gratuite-
ment des idées absurdes, ridicules et inconciliables avec les sentimens dont
nous sommes pénétrés pour les bienfaits qu'ils ont répandus sur notre
hôpital.
      « Quant au mot obtempérer, l'on sait qu'il est le synonyme d'obéir.