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      A Meximieux une auberge faillit retenir les aristocratiques chemi-
neaux ; ils y furent servis par deux très jolies filles, mais tout était si mau-
vais dans la maison qu'ils ne s'attardèrent pas à ébaucher une idylle. A
Montluel, il y avait, à entendre Pùckler, des habitudes si bizarres, qu'on se
demande s'il a voulu s'amuser du lecteur quand il les signale, ou si l'on
s'est amusé de lui. Il raconte qu'à l'auberge les Wulffen et lui demandent
du café pour leur déjeuner. La patronne leur dit qu'on ne sert pas de café
chez elle, qu'elle ne sait même pas le faire et que, s'ils en veulent, il faut
qu'ils aillent au café en face. Ils y vont, prennent leur tasse et demandent du
pain avec du beurre. « Ah ! nous n'avons pas cela, leur dit-on ; vous en trou-
verez à l'auberge ». Ils traversent de nouveau la rue, mangent leurs tartines,
puis, comme l'un d'eux désire un verre de liqueur, on le renvoie au café,
après quoi, pour avoir un verre d'eau, il est obligé de revenir à l'auberge.
Ainsi restaurés, ils firent allègrement, malgré la chaleur, la route de Mont-
luel à Lyon, en regardant avec plaisir à leur droite les collines couvertes de
vignes et à leur gauche le cours impétueux du Rhône.




      Déjà de loin, Piickler avait admiré les deux façades que formaient de
chaque côté du fleuve des rangées de hautes maisons. Cette impression de
grandeur et de noblesse se fortifia quand il parcourut la ville. « Je trouvai
Lyon, dit-il, plus grand et plus beau que je ne m'y attendais. Les hauts
édifices, les longues rues pleines d'animation, les places belles et régulières,
les quais larges qui s'étendent le long du Rhône et de la Saône, ces deux
fleuves eux-mêmes qui tantôt traversent la ville, tantôt lui servent de cein-
ture et la multitude des ponts qui relient les divers quartiers forment un
imposant tableau de richesse et de majesté >;. Quoique de nombreux mon-
ceaux de décombres rappelassent encore les mauvais jours de la Révolu-
tion, les plaies se fermaient ; la place Bellecour se reconstruisait et Piickler
s'arrêta devant la plaque de bronze qui proclamait que cette restauration
était due à la munificence de Bonaparte. La place des Teneaux, malgré ses
 dimensions plus restreintes, lui parut soutenir la comparaison avec la place
 Bellecour. Il vanta le goût et la magnificence de l'Hôtel de Ville ; dans le