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 qui l'avait amenée. Tout dans le récit de cette intrigue, qui fut courte, mais
que les deux coupables n'oublièrent jamais, amenait à conclure que l'empe-
reur des Français avait expérimenté, une fois de plus, que les fantaisies de
l'amoureux instantané ne rencontraient pas plus de résistance que le génie
du capitaine. Quoiqu'il en soit du fond de ce roman local, longtemps après,
la Charte périmée et le roi Louis-Philippe régnant, parti du quai Malaquais
et de l'hôtel de Bouillon, un cortège nuptial se dirigeait vers l'antique
abbatiale de Saint-Germain-des-Prés et, dans la double haie des curieux, on
nommait les représentants de la haute finance et des membres de l'aristo-
cratie étrangère ; la fille de Napoléon et de M me Pellapra épousait M. Al-
phonse de Chimay et devenait la belle-fille de M me Tallien. Tels sont les
jeux du destin, telles les aveugles combinaisons d'un hasard qui déconcer-
tent autant nos prévoyances que les syllogismes d'une fragile et orgueilleuse
moralité.
      Ne taisons pas néanmoins, avant de finir, que cette exquise jeune fem-
me, dont toute l'éducation avait été cruellement désorganisée par le dés-
accord irréparable de ses parents, qu'elle a raconté avec des accents déchi-
rants, a laissé devant la postérité, en faveur de la mère de son mari un
témoignage touchant et sincère, réhabilitation posthume qui plaidera en sa
faveur et inclinera vers l'indulgence les censeurs les moins disposés à
désarmer. On reléguera le passé dans l'ombre et on comprendra mieux,
après avoir lu ses Mémoires ou plutôt cette confession, le mot du prince
Caraman-Chimay sur sa compagne de trente années : « Elle a été le bon
génie de ma maison ».
                                                     Jean DE MALIFAUX.