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— 297 — Lœtizia ; Consalvi, le secrétaire d'Etat, et la plupart de ses collègues du Sacré-Collège, les ambassadeurs des puissances accréditées auprès du Saint- Père, des membres de la noblesse romaine et des colonies étrangères, de nombreux résidents français, au milieu desquels se distinguait un élégant couple lyonnais, le baron Colabeau de Julliénas et sa femme, Madame de Bussy, ex-chanoinesse de Lons-le-Saunier, fort connue sous le nom de la belle coadjutrice, un groupe de dames des plus qualifiées du patri- ciat et de la finance, la duchesse de Massimi, Mesdames de Santa- Croce et de Caradoni, la marquise de Torlonia, Madame de la Ceva, fameuse cantatrice, qui préparait un oratorio de la Jérusalem délivrée; avant d'applaudir les artistes, on se communiquait impressions et compliments sur la victoire de Napoléon et la puissance formidable de son empire; la place d'honneur avait été réservée au prince Frédéric de Saxe-Gotha, un des prochains alliés de la Confédération du Rhin en perspective. On se sépara assez avant dans la nuit et, en échangeant la poignée de main des adieux, trop rares furent les politiques qui songèrent que l'avant-garde de l'armée impériale, marchant sur Naples, arrivait ce soir même à Civita- Castellana, que la guerre n'était pas finie et qu'au milieu de si violentes convulsions, la royauté temporelle du pape était en péril et serait à son tour disloquée. Notre plénipotentiaire, enchanté de cette manifestation patriotique et mondaine, n'en conserva qu'une image des plus flatteuses et ne regretta pas la dépense. Il en traça pour Madame Bonaparte mère un tableau gracieux. « Pendant trois soirées de grandes illuminations... La fête a satisfait tout le monde ; on y a été d'une gaieté extraordinaire ; on s'y est très bien amusé ; dans ce moment-là j'ai fait tous mes efforts pour y contribuer, mal- gré que j'eusse une fièvre catharrale. Le lendemain j'étais mieux portant et, Dieu merci, mon rhume est sur safin». A l'abbé Fournier, attaché à la Grande Aumônerie, qu'il a délivré de la forteresse de Turin, où il avait été enfermé après un sermon de Saint-Roch, dénoncé séditieux par les policiers de Fouché, il tient à annoncer qu'« à la fête de la Paix, les vieux prélats et cardinaux napolitains se sont bien récréés ». Le commentaire envoyé à monseigneur de Broglie, évêque d'Ac- qui sur sa recommandation, est d'un moraliste plus désabusé :