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J'avais prévu cet acte de vandalisme. Et plusieurs fois, en passant auprès du
gentil ponceau, je souhaitai qu'un tombeau très simple protégeât, en l'accentuant, la
poésie très douce de ce délicieux endroit. Quand donc demanderons-nous à nos morts
de protéger et d'illustrer nos sitesY Quand donc cesserons-nous d'exiler les tombes
dans de sinistres enclos i
Nous entassons, dans nos grands cimetières citadins, les monuments funéraires
les plus hétéroclites. Les plus coûteux n'y sont pas toujours les plus beaux. Pour le
prix d'un de ces monuments, la vieille église que je veux signaler à la curiosité des
lecteurs de la Revue, du Lyonnais, serait consolidée, restaurée, entretenue ; le cimetière
abandonné qui l'entoure heureusement serait défriché, planté, arrangé en harmonieux
jardin funéraire. Combien je souhaite qu'un favorisé de la fortune visite cette vieille
église et la choisisse pour la sépulture de sa famille.
Les raisons qui, sur la fin du xvm e siècle, firent débuter le mouvement d'opinion
qui a déterminé l'interdiction des inhumations dans les monuments publics, ne sont
plus valables aujourd'hui. Notre chimie a fait assez de progrès pour que la momifica-
tion des cadavres, leur embaumement soit réalisé dans des conditions de stérilisation
absolue, par conséquent de sécurité parfaite pour l'hygiène. Ce n'est qu'une question
de dépense. Revenons donc sur la prohibition des sépultures ailleurs que dans les
cimetières !
Les restes de Pasteur sont où ils doivent être, dans la crypte de l'Institut Pasteur.
Il faut le tombeau du savant près du laboratoire qu'il a illustré, le tombeau de l'artiste
près d'une de ses œuvres principales, le tombeau du penseur dans le site où il a rêvé.
J'aime le tombeau de Chateaubriand sur son rocher dominant la mer. Permettons le
tombeau du donateur près du monument ou dans le monument que sa générosité
intelligente a favorisé.
Nous souhaitons un ensemble décoratif monumental pour l'extrémité de la pres-
qu'île de Perrache. Il le faudrait somptueux et coûteux. Les deniers publics sont,
hélas! sollicités par des utilisations plus pressantes! Que n'offrons-nous, à des dona-
teurs, leur sépulture dans les constructions architecturales que leur argent permettrait
de dresser au confluent de nos deux fleuves i
Je souhaite vivement, pour la vieille et pittoresque église de Saint-Sorlin qu'évo-
quent les dessins accompagnant cet article, un riche donateur cherchant à sa dépouille
fragile un asile impérissable.
A soixante kilomètres au sud de Lyon, sur la rive droite du Rhône, Saint-Sorlin
est un ancien quartier de cette petite ville de Serrières qui s'étale si joliment au bord
de l'eau, à l'ombre d'une longue et haute rangée de platanes. La vieille église du vieux