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 blanc. Et après suivait la reyne de France dans une litière toute découverte sous un
 fort grand dais, suivie de force carrosses du Roy et des dames ». Le cortège se rendit à
 Saint-Jean oĂą l'on chanta le Te Deum et oĂą le roi toucha les Ă©crouelles. Parmi les
 malades se trouvait la sœur Marie-Françoise de Sosion de la Visitation. « Mais entre
 plusieurs autres qui guérirent par cet attouchement miraculeux, Dieu permit que
 cette humble servante de la divine majesté demeurât dans son mal qui luy était
 avantageux pour la consommer dans la perfection ».
       Je groupe ici quelques souvenirs de ce dernier séjour auxquels je ne puis assigner
 une date précise.
       Il fit une visite au célèbre Père Théophile Raynaud, jésuite auteur d'un savant
 ouvrage sur les saints du diocèse de Lyon : « J'ai vu, dit ce religieux, ce second Elie, et
 j'ai été honoré de son amitié, il m'a visité dans le collège de Lyon avec beaucoup de
 cordialité et je l'ai toujours aimé et vénéré, il avait la bonté d'estimer mes petits
 ouvrages que je lui ai présentés, je rappelle avec joie un si précieux souvenir ; et je le
 prie de m'aider à suivre le chemin qui mène à la béatitude... ».
       Alexandre Challiard, docteur en théologie, protonotaire du Saint-Siège et curé de
 Villefranche-en-Beaujolais, alors compagnon d'Ă©tudes de Jean Jacques Olier, nous a
 laissé un curieux témoignage écrit le 16 août 1670 de l'entrevue du saint avec Madame
 Olier venue pour le consulter sur la vocation religieuse de son fils.
       « Je soussigné déclare et atteste à la gloire de Dieu tout-puissant avoir eu la
 parfaite connaissance de trois illustres enfants de feu M. Olier lorsqu'il Ă©tait intendant
 dans la ville de Lyon, à savoir : MM. François, René et Jean-Jacques Olier surnommé
 l'abbé, avec lesquels j'ai eu l'honneur d'étudier plusieurs mois sous les Pères Jésuites
 du dit Lyon... jusque lĂ  mĂŞme (j'en suis fort souvenant) qu'un jour de jeudi, je leur fis
 compagnie pour aller ouïr le Saint-Sacrifice de la messe qui fut célébré dans la petite
 chapelle des Filles de la Visitation de Bellecour de Lyon, par le révérendissime
 François de Sales, évêque de Genève... où se rencontra pareillement M m e Olier, leur
 mère, laquelle après la Sainte-Messe alla présenter MM. ses enfants à cet illustre
prélat pour qu'ils lui fissent la révérence. Il les accueillit avec une tendresse paternelle,
les embrassa l'un après l'autre et les loua tous également ; ce que voyant, Madame leur
 mère repartit à ce grand prélat que Jean-Jacques, le plus jeune, n'était point sage mais
dyscole et tellement déréglé dans ses déportements qu'il donnait souvent sujet à son
père et à elle-même de pester contre lui. Alors ce saint évêque, pour consoler cette mère
dolente, répondit : «Eh, madame, un peu de patience et ne vous affligez pas car Dieu
prépare en la personne de ce bon enfant un grand serviteur en son Eglise ». Et lui ayant
mis ses mains sur sa tête, il l'embrassa fort tendrement et lui donna sa bénédiction...».
      Parmi les hôtes illustres que la présence de la Cour de France avait amenés à
Lyon, se trouvait l'évêque de Luçon, Armand de Richelieu, alors simple aumônier de
la reine mère. Il était allé, sur son ordre, à Valence pour y visiter la célèbre mystique
Marie Teissonière et la décider à venir voir la souveraine dans notre ville. Marie de
Médicis désirait beaucoup consulter cette sainte que dirigeait le Père Coton, le
confesseur et l'ami d'Henri IV — né à Néronde — et à laquelle Dieu avait révélé que