page suivante »
— 204 — fois de retour à la Guillotière ? On l'ignore ; ce qui est sûr, c'est qu'il ne reparut plus au Comité de Surveillance. Tels apparaissent les personnages marquants du mouvement révolu- tionnaire dans le populeux faubourg, au cours de cette période ardente durant laquelle il réussit à se faire séparer de Lyon. Cette ère d'indépen- dance et de retour au « ci-devant Dauphiné » fut, on le sait, des plus brèves : elle prit fin le I er frimaire an IV (22 novembre 1795). A cette date, le conventionnel Poullain-Grandprey, envoyé en mission à Lyon, réunit de nouveau la Guillotière au Rhône. L'expérience avait montré les inconvé- nients graves du rattachement à l'Isère. Tandis que les communications avec Lyon étaient rapides et, pour ainsi dire instantanées, elles deman- daient avec Vienne une longue correspondance, l'envoi fréquent de cour- riers ou d'émissaires spéciaux, et ces retards favorisaient souvent une incompréhension mutuelle. Les rapports avec l'ancien Dauphiné n'étaient donc plus ni faciles, ni même naturels ; aussi l'annexion au district de Lyon ne souleva-t-elle plus aucune résistance. Cependant, la Guillotière conserva une municipalité distincte et fut même érigée, en 1844, en chef-lieu de canton indépendant. L'ancienne bourgade était alors devenue une ville de 30.000 âmes. On sait que les trois villes de la Guillotière, de la Croix-Rousse et de Vaise ne furent définitivement réunies à Lyon que par le décret du 24 mars 1852. Mais l'annexion morale avait depuis longtemps précédé l'annexion matérielle. L'énorme développement de l'industrie, la construction de tout le quartier des Broteaux, en faisant totalement disparaître le village primi- tif, la communauté rurale, en noyant la population indigène sous un flot d'immigrés, avaient entièrement détruit cet esprit particulariste dont nous avons constaté, à la fin du xvme siècle, la surprenante vivacité et, parfois même, la résolution indomptable. Paul BALLAGUY.