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 fois de retour à la Guillotière ? On l'ignore ; ce qui est sûr, c'est qu'il ne
 reparut plus au Comité de Surveillance.
       Tels apparaissent les personnages marquants du mouvement révolu-
 tionnaire dans le populeux faubourg, au cours de cette période ardente
 durant laquelle il réussit à se faire séparer de Lyon. Cette ère d'indépen-
 dance et de retour au « ci-devant Dauphiné » fut, on le sait, des plus brèves :
 elle prit fin le I er frimaire an IV (22 novembre 1795). A cette date, le
 conventionnel Poullain-Grandprey, envoyé en mission à Lyon, réunit de
 nouveau la Guillotière au Rhône. L'expérience avait montré les inconvé-
 nients graves du rattachement à l'Isère. Tandis que les communications
 avec Lyon étaient rapides et, pour ainsi dire instantanées, elles deman-
 daient avec Vienne une longue correspondance, l'envoi fréquent de cour-
 riers ou d'émissaires spéciaux, et ces retards favorisaient souvent une
 incompréhension mutuelle. Les rapports avec l'ancien Dauphiné n'étaient
 donc plus ni faciles, ni même naturels ; aussi l'annexion au district de Lyon
 ne souleva-t-elle plus aucune résistance. Cependant, la Guillotière conserva
 une municipalité distincte et fut même érigée, en 1844, en chef-lieu de
 canton indépendant. L'ancienne bourgade était alors devenue une ville de
 30.000 âmes. On sait que les trois villes de la Guillotière, de la Croix-Rousse
et de Vaise ne furent définitivement réunies à Lyon que par le décret du
24 mars 1852.
       Mais l'annexion morale avait depuis longtemps précédé l'annexion
matérielle. L'énorme développement de l'industrie, la construction de tout
le quartier des Broteaux, en faisant totalement disparaître le village primi-
tif, la communauté rurale, en noyant la population indigène sous un flot
d'immigrés, avaient entièrement détruit cet esprit particulariste dont nous
avons constaté, à la fin du xvme siècle, la surprenante vivacité et, parfois
même, la résolution indomptable.
                                                     Paul BALLAGUY.