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inondations. Cela est si vrai que dès que les premières précautions furent
prises, après 1838-1840, le quartier connut une prospérité immédiate. On
remarque à ce point de vue un contraste étonnant entre les plans antérieurs
à 1840 et les plans postérieurs.
      Les inondations avaient toujours été, nous l'avons vu, le fléau naturel
et périodique de la plaine de la Guillotière. On avait de tout temps essayé
de s'en garantir en construisant des digues. En fascines et en terre d'abord ;
mais elles duraient peu — chaque grosse crue les emportait. En pierre
ensuite, mais elles étaient manifestement insuffisantes (1).
      Or, précisément au moment où le développement de la Guillotière se
prononçait, au début du xixe siècle, il y eut toute une série de violentes
inondations : 1801, 1812, celle de 1825 qui enleva quatre arches du pont
Morand, celle de 1840 surtout qui détruisit plus de deux cents maisons à la
Guillotière. Le seul moyen de lutte efficace était l'endiguement du Rhône
par la construction sur la rive gauche de digues et de quais analogues à ceux
de la rive droite qui existaient depuis longtemps et protégeaient Lyon (2).
Mais la ville de la Guillotière n'était pas assez riche pour mener à bien cette
entreprise. Il fallait l'appui financier de Lyon et Lyon ne paraissait pas
s'intéresser à ce projet. Certains propriétaires lyonnais ne voyaient-ils pas
déjà d'un très mauvais œil le développement des constructions sur la rive
gauche qui faisait baisser les loyers du centre ?
      Toutefois des voix autorisées finirent par émouvoir les Lyonnais. Deux
mémoires adressés en 1826 et en 1834 à l'Académie de Lyon sont curieux à
 cet égard. L'auteur (3) du mémoire de 18347 démontre, non sans exacti-
tude, que le Rhône s'est, à plusieurs reprises, déplacé dans sa plaine, la
 balayant de gauche à droite et inversement (4). Du pied des Balmes Vien-
 noises (Jonage, bas de Montchat) où il a coulé jadis, son cours a été reporté


     (1) On avait construit en 1756 la digue de la Tête-d'Or pour aménager le domaine de la Part-Dieu. On
construisit ensuite une digue oblique en aval du pont Morand, mais les deux ports : port aux Bois, port aux
Pierres au nord et au sud du pont du Rhône étaient une brèche pour les eaux.
     (2) Voir A. Kleinclausz, op. cit.
     (3) Gaillard, Mémoire sur l'endiguement du Rhône à la Société royale d'agriculture et histoire naturelle de
Lyon, 1834.
     (4) Voir aussi mémoire de l'ingénieur en chef Favier, 1827.

Kev. Lyon.,lU, 11.                                                                                    3-