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— 152 — cols des Alpes pour aller à Rome ; le mouvement continue encore au xvie et au xvne siècles. Enfin, surtout à partir du XVe siècle, la politique française devient active en Italie. Le xvie siècle et le début du xvne se marquent par des expéditions militaires dont les plus connues sont les guerres d'Italie. C'est donc, du moyen âge au xvme siècle, un mouvement incessant tantôt de pèlerins, tantôt de soldats, tantôt de commerçants, toujours de marchandises, par le pont du Rhône et les routes qui de l'autre côté, à la Guillotière, divergent vers l'Est, le Sud et les régions « au delà des Monts ». Un tel mouvement a naturellement attiré de plus en plus au débouché du pont et sur le bord des routes qui y convergeaient les cabarets, les ateliers de réparations pour les voitures, les marchands de chevaux, etc. Pour- quoi donc, cependant, le développement du bourg de la Guillotière s'est-il effectué aussi lentement ? C'est que le centre de tous ces échanges, de tout ce va-et-vient c'est Lyon et non la Guillotière. Jusqu'au xvme siècle, malgré l'entassement déjà constaté (i), l'espace en somme ne manque pas à Lyon qui peut ainsi con- tenir tous les organes indispensables à cet accroissement de trafic. La Guillotière, pour sa part, n'est guère qu'un passage avec arrêt momentané avant de franchir le pont, une tête de pont. Les voyageurs ne s'y arrêtaient en effet que lorsqu'ils y étaient forcés, principalement lorsqu'ils arri- vaient après l'heure de la fermeture du pont ou lorsqu'une crue violente rendait le passage trop dangereux. Cette mésaventure arrivait à d'impor- tants personnages. On raconte qu'une arcade du pont ayant été rompue par la violence des eaux, le roi Louis XI revenant du Dauphiné fut obligé de passer la nuit dans le faubourg de la Guillotière avec toute sa cour : il choisit une petite maison en face de la route de Vienne. En 1845, la maison était encore connue sous le nom d'Hôtel de la Table Ronde (2). Parfois aussi les rois s'arrêtaient à la Guillotière pour donner aux Lyonnais le temps de leur préparer une digne réception. Ainsi Louis XIII revenant du Languedoc logea le 6 décembre au château de la Mothe près de la route de Marseille. (1) V. A. Kleinclausz, op. cit., p. 33. (3) Voir pour plus de détails, Meifred, op. cit., p. 33 et 33.