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passés, est dans la plus pitoyable situation ; et pendant que Didot, à Paris,
fait le superbe effort d'où sortira, après la Révolution, la magnifique Collec-
tion des « Editions du Louvre », nous nous traînons, à Lyon, dans les plus
basses ornières. Malgré toutes les exhortations, malgré les menaces adminis-
tratives, la fraude continue de plus belle ; les libraires lésés ou qui préten-
dent l'être se fâchent et actionnent les contrefacteurs. Vers 1775, Joseph
Duplain, libraire à Lyon, s'avise de publier une série d'ouvrages dont lé
privilège, qui remontait au siècle dernier, appartenait à la veuve Desaint, de
Paris, mais que Duplain prétend avoir acquis de Barbou de Limoges et
d'Hérissant de Paris. On attaque la boutique de Duplain, on en force les
porte, on viole son domicile, et l'on saisit les Satyres de Boileau, les Lois
ecclésiastiques, les Discours de d'Aguesseau et l'Imitation de Jésus-Christ du
Père Gonnelieu : les Satyres, que la veuve Desaint vendait à Paris trois
livres, Duplain, lui, les débite à une livre dix sols ; les Lois ecclésiastiques, il
les vend vingt-quatre livres au lieu de trente. Bref, Duplain ayant été
condamné par arrêt du 27 décembre 1777, l'avocat Rieussec, dans une
consultation du 23 octobre, conclut à la possibilité d'un appel, « les privilè-
ges illimités, dit-il, étant invalides, d'autant plus qu'ils sont opposés au bien
public et tarissent la source des richesses de la Librairie ».

     Pourtant, aux approches des formidables événements qui devaient
mettre l'Europe à feu et à sang, il semble que, à Lyon, un sursaut ait secoué
l'industrie du Livre. Les ateliers des de Tournes, dont on a vu que Bourge-
lat parlait sans enthousiasme, sont devenus la propriété de Jean-Baptiste
Delamollière et de son associé Piestre ; avec ses huit presses, mises en œuvre
par une quarantaine d'ouvriers, cette maison prend bientôt le premier rang
et devient « la plus belle imprimerie de Lyon ». La librairie qui la complète
n'est « ni moins admirable, ni moins prospère » ; elle publie un magnifique
catalogue, et Chardon de La Rochette, qui vient de trouver là un éditeur
pour sa Traduction d'Apollonius, assure en 1792, à un moment où le temps
n'était propice « ni aux vastes études ni aux grandes spéculations », que « La
 Mollière est peut-être le seul éditeur de France capable de faire des entre-