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- 78 - De l'origine supposée de l'Imprimerie à Lyon, 1473, jusqu'aux der- nières années du siècle, plus de cinquante imprimeurs maîtres ont passé dans les ateliers lyonnais ; qu'y eut-il là d'autochtone ? Parmi les innombra- bles impressions sorties de leurs officines, qu'y eut-il de spécifiquement lyonnais? Peu de chose. Les hommes, eux, pour la plupart étaient des étrangers : Belge, Italiens, Espagnol, Allemands, surtout Allemands. Quant aux instruments, il n'est pas bien sûr qu'ils ne le fussent pas pour une large part. Vers la] fin extrême du siècle, cet état de choses change : les gravures cessent de venir si nombreuses de Bâle ou d'autres villes rhénanes, puisque Lyon, maintenant, a des dessinateurs et des tailleurs d'histoires qu'ont fait naître, nombreux, les besoins du « nouvel art » ; les caractères qui, de gothiques de plus en plus deviennent romains, se fondent mainte- nant dans les ateliers de France. Au seizième siècle, l'imprimerie est deve- nue un art tout à fait français ; ceux qui l'exercent le sont aussi de plus en plus, et de plus en plus leurs livres eux-mêmes empruntent à notre esthéti- que sa souplesse et sa légèreté ; la lourdeur splendide des beaux gothiques allemands a presque disparu des ateliers, et une lettre romaine très belle, inspirée des plus purs caractères vénitiens, va bientôt régner presque toute seule dans les ateliers. Que de délicieuses choses vont en sortir encore ! Mais, ce bel héritage, déjà la fin du XVIe siècle et le xvne vont le laisser péricliter en délaissant à peu près totalement l'illustration du livre et en recherchant le bon marché ; le xvni e , lui, le rapetissera à la mesure des délicieuses mignardises dont l'orneront les petits maîtres groupés autour de Cochin et de Moreau le Jeune ; avec les Didot et les méthodes austères qu'ils chérissent, et les beaux caractères qu'ils vont graver, la typographie française que, sauf les Pays germaniques, tout le monde veut imiter, va changer tout à fait d'aspect et de style.