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tout ce que nous pouvons promettre, c'est « de ne rien faire imprimer à
Genève ».
      — Possible, ripostent les imprimeurs, qu'il en soit comme vous le dites,
mais ce qui est sûr aussi, c'est que nous n'avons, nous, « augmenté que de
deux ou trois sous au plus l'impression d'une rame de papier, vu le malheur
du temps présent et la cherté des vivres », et voici l'état des frais qui nous
sont occasionnés par l'impression de chacune rame ; en tout cas, poursui-
vent-ils — car en ces temps troublés une allusion au danger calviniste est
un stimulant infaillible — en tout cas nos compagnons n'ont plus aucune
besogne et, « encore que cela dure, ils seront contraints pour gaigner leur
vie d'abandonner Lyon pour aller à Genève où, par succession de temps,
ils se rendent hérétiques ».
     Le coup a porté ; aussitôt Messieurs de l'Hôtel Commun ordonnent
que le procureur général de la Ville, Claude de Rubys (ou plutôt son neveu,
Charles de Pogges, car, « pour auoir esté des plus affectionnez au party de la
Ligue », de Rubys avait été, l'année précédente, remplacé par son neveu),
que le procureur se joindra aux imprimeurs pour obtenir à la sénéchaussée
l'observation des édits du roi et qu'il fût fait défense aux libraires de faire
imprimer leurs livres hors le royaume sous le nom de la Ville de Lyon, et
particulièrement aux lieux suspects à la foi catholique (Arch. Lyon, Délib.
cons., BB 121, fos 130-135).
     Bref, après plusieurs comparutions contradictoires à la Maison de
Ville, les échevins « font défense très expresses aux libraires de faire impri-
mer aucuns livres, désormais, à Genève, sous le nom de la Ville de Lyon ».
     Ces « défenses très expresses » furent-elles observées? possible que
non, puisque, dans leurs Plaisants Devis de 1589,
                      Si l'on n'imprimait a Genève —
disent les suppôts du Seigneur de la Coquille —
                      Pour les libraires de Lyon,
                     Nous aurions d'or un million.