Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                 - 6 7 ~
large augmentation de salaires ; et s'en ressent, comme bien on pense, le
prix des livres !
      Tant est que les libraires de Lyon sont contraints derechef d'envoyer
leurs livres à Genève pour les y faire imprimer ; ils trouvent là non seule-
ment une main-d'œuvre moins onéreuse qu'à Lyon, mais aussi un papier
de qualité inférieure et beaucoup moins cher. Seulement,comme la simple
évocation de la ville hérétique est suspecte ; comme ce nom de Genève,
s'il était écrit sur les livres, empêcherait qu'ils se répandissent en Italie,
en Espagne et dans les autres pays catholiques, les libraires y font imprimer
le nom de Lyon et disent qu'ils sortent des presses lyonnaises. Informé de
ces faits, le Consulat charge Claude Rubys, son procureur, de dresser un
« cahier » qui sera présenté au roi à l'assemblée des Etats qui doit se tenir à
Blois bientôt. « Et parce que, dit ce document, entre toutes les manifactures
du Royaulme, l'une de celles qui lui rendaient le plus de réputation chez les
nations étrangères estoit l'art de l'imprimerie, lequel art on voit aujourd'hui
comme la plus part des manifactures, se perdre de petit à petit, ce qui
procède en partie de ce que plusieurs libraires et imprimeurs, sous les
couleurs de quelque peu de meilleur marché qu'ils ont de l'imprimerie es
villes de Basle, Genève, Lausanne et aultres, ils y font imprimer plusieurs
livres, et puis mettent à la première et dernière page Imprimé à Paris ou à
Lyon par tel et tel, ostant par ce moyen aux pauvres imprimeurs françois le
moyen de gaigner leur vie et despouillant ce royaulme d'ung si bel art et
exercice pour le transporter à l'estranger...».
      En 1580, ces pratiques, ruineuses pour la Ville, dont l'intérêt ne se
distingue pas de celui de la corporation des imprimeurs, n'ont point cessé.
Trois des libraires de Lyon, Philippe Tinghi, qui, deux ans plus tôt, s'est
fait accorder par le roi d'importants privilèges pour l'impression de nom-
breux ouvrages « soubz le nom et marque qui est une fleur de lis de Flo-
rence », avec lui Symphorien Béraud et le remuant Etienne Michel, obtien-
nent du roi de scandaleuses lettres patentes, datées de Saint-Maur les
Fossés, le 5 juillet, qui les autorise à « vendre, à Lyon et dans le royaume,