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     Faudra-t-il donc, là encore, renoncer à être les premiers ? Hélas, je le
crains. Les premiers, au surplus, c'est fort beau, mais les plus grands, c'est
encore mieux, et nous avons été un moment, je crois bien, les plus grands.
    Les Lyonnais, bien Français par surcroît,ont inventé mille raisons pour
disputer à Paris la primauté tant désirée.
      — D'abord, on a dit que, puisque « deux marchands de Toulouse
recevaient dès 1473, peut-être même plus tôt, des livres d'impressure . . .
amenez pour vendre d'Allemagne, Rome, Venise, Paris et autres bonnes
villes », c'est donc que l'on fabriquait des livres à Lyon dès avant cette
époque.
     — Oui, dit Baudrier, mais c'était pour désencombrer nos foires, où se
tenait un important marché de librairie, livres venus un peu de partout.
      — Une autre preuve, d'ailleurs, réplique-t-on, que Lyon avait des
imprimeurs avant 1473, c'est que Etienne Coral, « habile ouvrier lyonnais »,
aurait exercé l'imprimerie à Parme dès le mois d'avril de cette année-là :
c'est donc qu'il existait à Lyon des imprimeurs chez qui Coral était devenu
l'« habile ouvrier » que l'on dit.
    — Oui, dit Baudrier, mais Coral, qui était peut-être Lyonnais, avait
sûrement appris son art en Italie, ou ailleurs.
      — Entendu, mais le Cardinal de Bourbon, archevêque de Lyon, a pro-
mulgué, en 1466, des statuts qui furent imprimés sans date, sous le titre
Statuta ecclesia Lugdunensis : il est impossible qu'il ait attendu six ans pour
les faire imprimer !
      On pourrait peut-être répondre que le Cardinal de Bourbon fit impri-
mer à Lyon ses Statutae quand il y eut, à Lyon, des imprimeurs pour le
faire.
      Mais il y a une autre raison qui ne plaide pas non plus, hélas, en faveur
de la thèse de Vingtrinier —, c'est Vingtrinier, je ne l'avais pas dit, qui
discute ainsi —, c'est l'absence d'imprimeurs sur les chartreaux d'imposition
et sur les rôles des tailles de la Ville de Lyon, jusqu'à l'année 1484. On dit