Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                        — 95 —




            ANECDOTES ET SOUVENIRS D'AUTREFOIS



                                           LE

          GRAND THÉÂTRE DE LYON
                       ET LE PUBLIC LYONNAIS


      Après en avoir été sevrés pendant plus d'un an, les Lyonnais vont pouvoir savou-
rer de nouveau les douceurs de l'opéra, leur régal favori. Leur Grand-Théâtre qui,
depuis son inauguration le I e r juillet 1831, c'est-à-dire depuis plus de quatre-vingt-
dix ans, n'avait subi aucune réparation importante, reçu aucun perfectionnement, qui
était, dans ses rouages essentiels, non seulement démodé, mais délabré, dont la scène
vermoulue menaçait ruine, dont les charpentes des cintres, chargées à se rompre
d'une invraisemblable accumulation de toiles de fond destinées à s'écrouler un jour
ou l'autre, sur la tête des chanteurs, à moins qu'elles ne fussent vouées aux risques
plus certains encore et plus redoutables d'un incendie, vient de leur être rendu
rajeuni, embelli, pourvu d'un mécanisme tout neuf, dont ils auront eu le privilège de
faire l'essai les premiers, et dont l'inventeur, malheureusement emporté par une mort
prématurée, avant d'en avoir vu l'application, se promettait et leur promettait, à eux
aussi, des merveilles.
      La salle, bien que rafraîchie et restaurée dans l'éclat primitif de ses velours et de
ses dorures, conserve, il est vrai, l'aspect un peu sévère, le caractère un peu pesant que
lui ont donnés ses architectes, et où persistera à s'affirmer le style grandiloquent et
prétentieux en faveur au temps de la Restauration. Mais c'est bien, tout de même, un
autre monument qui vient de sortir des mains des entrepreneurs et des peintres, et
c'est bien, avec le vieux matériel désuet, dont on a fait table rase, avec la défroque des
accessoires et des costumes en lambeaux, qui ne relevaient plus guère que de la bouti-
que du fripier, tout un passé, presque séculaire, à la clôture et à la liquidation duquel
nous avons assisté.
      De cette longue période, qui s'ouvre au lendemain de la Révolution de 1830 et se
termine avec la guerre mondiale de 1914, dont les limites extrêmes se circonscrivent