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                                 I
« comme d'un levraut » . Mais « la Providence se joua de lui ». Aveuglé par
elle, il s'attaqua d'abord au plus faible de ses adversaires, Théodore. Il per-
mit ainsi à Livadaire de prévenir Andronic II, et, en attendant des secours,
de réunir une armée, aussi puissante que possible. De tous les points de son
gouvernement, Livadaire fit venir des troupes ; de Philadelphie, il se fit
envoyer de fortes sommes d'argent, prélevées sur le trésor impérial, et les
distribua à ses soldats. En moins de dix jours, il avait une armée imposante.
Il s'établit en pleine Lydie et attendit Philanthropène.
      Cependant ce dernier refusait toujours de prendre le costume impé-
rial. Désespérait-il du succès final ? Voulait-il se réconcilier avec Andronic
II et acheter son pardon et sa liberté en livrant ses complices ? Dans ce cas,
les Cretois seraient les premiers exposés à la vengeance du basileis et paie-
raient de leur vie leur dévouement à Philanthropène. Ainsi raisonnait
Chortatzès, leur chef, qui se mit aussitôt secrètement en relation avec
Livadaire. Il lui fit connaître ses soupçons et l'hésitation de Philanthropène.
Livadaire, tout heureux d'éviter une bataille rangée, d'où il craignait de
sortir vaincu, proposa à Chortatzès l'amnistie, sans compter de hautes
récompenses pour lui-même et ses compatriotes, s'il lui livrait Philanthro-
pène vivant. Pour ne pas éveiller les soupçons, il l'engageait à rester au
service de son chef. Au début de la bataille qui allait se livrer, il manœuvre-
rait de manière à entraîner Philanthropène dans les lignes ennemies. Les
 Cretois auraient l'air ainsi d'être restés fidèles à Andronic et d'avoir été
 contraints par leur petit nombre de demeurer sous les Ă©tendards de Philan-
 thropène 3.
       Chortatzès acquiesça. Toutefois, au souvenir des bontés de Philan-
 thropène, il voulut tenter une suprême démarche auprès de lui. Il lui en-
 voya une délégation pour le convaincre de la nécessité de se proclamer
 ouvertement empereur. A la veille d'une bataille décisive, il lui était indis-
 pensable de le faire, pour rallier les indécis. S'il refusait, les Cretois étaient
 décidés de l'abandonner, car son refus révélerait clairement sa secrète
 intention de se réconcilier, à leurs frais, avec Andronic II3.
       Mais Philanthropène le prit de haut. Il répondit qu'il n'avait d'ordres à

    i. Pachym., Id., III. 9. — 2. Id, — 3. Pachym., Id., III, 10.