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— 17 — Père Colin, le Père Champagnat, le Père Aymard : mais le Père Chevrier, l'apôtre de la Guille ne mérite-t-il pas une place à part? Formé à l'école cléricale de saint François, élève au séminaire de Saint-Irénée, vicaire à Saint-André, collaborateur de l'abbé Rambaud, il demeure pour nous le fondateur de la Providence du Prado. Il est bien de la même famille spiri- tuelle que le curé d'Ars. C'est par un retour au christianisme intégralement pratiqué qu'il veut transformer les âmes de ces habitants de nos faubourgs que l'irréligion ramène à l'état sauvage. Aussi sera-t-il un admirable cathé- chiste. Il frappe les yeux par des représentations figurées de l'étable de Bethléem, de la grotte de Gethsémani, du Calvaire ; il fait, dans ses prédi- cations, revivre les scènes évangéliques avec un degré d'intensité qui touche les volontés les plus endurcies et grave à jamais les enseignements dans la mémoire. Il a pour la mortification, le détachement et la pauvreté un amour qui l'égale au Povorello d'Assise, et qui reste comme le propre caractère de sa piété. « D'excellents juges ont fait du particularisme une caractéristique de l'esprit lyonnais. Même au point de vue religieux, Lyon a toujours gardé une physionomie propre : dans l'ensemble du mouvement catholique à travers les siècles, la ligne lyonnaise se laisse toujours apercevoir, et le diocèse de Lyon, très attaché à l'orthodoxie, a pourtant une histoire mar- quée au coin de cette originalité lyonnaise, qui est à la fois l'expansion d'une imagination mystique et le fruit d'une raison solide et positive » *. Notre rapide enquête avait pour but de justifier ce jugement. Mais c'est « l'imagination mystique » qui doit être analysée d'abord, car toute action religieuse n'est que le rayonnement du foyer d'amour qu'est la vie d'union de l'âme avec Dieu. C'est à essayer de pénétrer dans les mystérieux châteaux de l'âme que doit tendre l'historien. Même pour celui qui ne croit point à l'origine surnaturelle de ce feu qv: dévore le flambeau mystérieux i. Latreille, la PetiteÉglise de Lyon, igii, p. 3. Rev. Lyon. £