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Père Colin, le Père Champagnat, le Père Aymard : mais le Père Chevrier,
l'apôtre de la Guille ne mérite-t-il pas une place à part? Formé à l'école
cléricale de saint François, élève au séminaire de Saint-Irénée, vicaire à
Saint-André, collaborateur de l'abbé Rambaud, il demeure pour nous le
fondateur de la Providence du Prado. Il est bien de la même famille spiri-
tuelle que le curé d'Ars. C'est par un retour au christianisme intégralement
pratiqué qu'il veut transformer les âmes de ces habitants de nos faubourgs
que l'irréligion ramène à l'état sauvage. Aussi sera-t-il un admirable cathé-
chiste. Il frappe les yeux par des représentations figurées de l'étable de
Bethléem, de la grotte de Gethsémani, du Calvaire ; il fait, dans ses prédi-
cations, revivre les scènes évangéliques avec un degré d'intensité qui touche
les volontés les plus endurcies et grave à jamais les enseignements dans la
mémoire. Il a pour la mortification, le détachement et la pauvreté un amour
qui l'égale au Povorello d'Assise, et qui reste comme le propre caractère de
sa piété.




      « D'excellents juges ont fait du particularisme une caractéristique de
l'esprit lyonnais. Même au point de vue religieux, Lyon a toujours gardé
une physionomie propre : dans l'ensemble du mouvement catholique à
travers les siècles, la ligne lyonnaise se laisse toujours apercevoir, et le
diocèse de Lyon, très attaché à l'orthodoxie, a pourtant une histoire mar-
quée au coin de cette originalité lyonnaise, qui est à la fois l'expansion
d'une imagination mystique et le fruit d'une raison solide et positive » *.
     Notre rapide enquête avait pour but de justifier ce jugement. Mais
c'est « l'imagination mystique » qui doit être analysée d'abord, car toute
action religieuse n'est que le rayonnement du foyer d'amour qu'est la vie
d'union de l'âme avec Dieu. C'est à essayer de pénétrer dans les mystérieux
châteaux de l'âme que doit tendre l'historien. Même pour celui qui ne croit
point à l'origine surnaturelle de ce feu qv: dévore le flambeau mystérieux

   i. Latreille, la PetiteÉglise de Lyon, igii, p. 3.

  Rev. Lyon.                                                           £